Titane // De Julia Ducournau. Avec Vincent Lindon, Agathe Rousselle et Garance Marillier.
Titane a fait parler et si je peux comprendre qu’il puisse être clivant, il mérite amplement à mes yeux sa Palme d’Or. Julia Decournau (Grave) revient ici avec un second film provoquant, sulfureux qui n’a pas froid aux yeux. C’est une rencontre étonnante entre son cinéma que l’on a découvert dans Grave (2016), quelque chose de très brut teinté de métaphores et un cinéma plus horrifique aux références multiples de David Cronenberg à John Carpenter. On retrouve donc un peu Christine pour le symbolisme de la voiture et de son incarnation humaine mais aussi Crash de Cronenberg où l’héroïne est ici un accident de voiture à elle toute seule, faite de « Titane » et prête à tuer tous ceux qui sur son passage ne peuvent survivre à l’accident. C’est très métaphorique mais c’est aussi très réussi. Ce qui m’a fasciné du début à la fin de Titane c’est la capacité du film à transcender ses moments terrifiants et violents avec quelque chose de très poétique et touchant. Il y a des scènes qui, sans crier gare, m’ont ému aux larmes. Non seulement car c’est beau mais aussi car cela fait ressortir quelque chose chez les acteurs qui brille à l’écran.
Après une série de crimes inexpliqués, un père retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs.
Le casting est parfait et parvient à faire ressentir au téléspectateur ce côté ultra viscéral, mélangeant le sang aux fluides d’huile de moteur. Tout est très métaphorique mais Titane a aussi des ambitions bien différentes de celles que l’on aurait pu imaginer au départ. Agathe Rousselle est une vraie révélation du début à la fin. Si c’est dans la première partie du film qu’elle explose réellement, la seconde est réservée à Vincent Lindon. Ce dernier est talentueux et démontre ici une autre facette de son jeu. Il y est touchant, mis à nu dans son plus simple appareil. Titane aime décortiquer les corps, les abimer mais tout cela afin de créer à la fois un sentiment d’émotions pures et quelque chose de beaucoup plus brutal qui vient mettre une tarte au spectateur. Le travail sur la chair que fait Julia Ducournau fait clairement appel à son propre cinéma et en bousculant les codes, Titane parvient à créer quelque chose de fort et mémorable. Rubens Impens est responsable de la beauté de Titane. La photographie est renversante. Sans parler de la bande originale de Robe qui donne un sens aux images.
Note : 9/10. En bref, très influencé, Titane est une excellente surprise qui n’a pas froid aux yeux et créé des émotions intenses brutales ou plus touchantes.
Sorti le 14 juillet 2021 au cinéma