Dire ce qu’on dit chaque jour
les yeux fermés les yeux ouverts
Dire l’écharpe nouée dans l’air
la patience enfin mariée
enfin couverte d’agrafes
Son ombre changée en rosée
sa blessure dans tous les cœurs
comme un repas en plein azur
Une fleur terrasse le vent
Voici les murs rendus au plaisir
la lune ouverte à tout venant
le sable coulant des doigts
jusqu’au nadir
L’âme blonde du temps
dans sa cage du temps des galères
la tresser doucement sous l’eau
Je sais un être
une corne d’élégance
aux habitudes de fraîcheur
incendiant les doigts du feu
à même le silence
Le geste illuminé
par des rampes sourdes et fixes
libère un cheval de duvet
qui rencontrera le bonheur.
3 mai 1948
***
Gérald Neveu (1921-1960) – Comme les loups vont au désir : toujours pour toi (Comp’act, Seyssel, 1993)