Margoton, Marinette, Fernande, Jeanne, Hélène aux sabots, Fanchon la Cousette, Pénélope, femme d'Hector, Princesse... vous les avez croisées dans les chansons de Brassens, elles sont souvent " gracieuses et fluettes " (pas toujours !) " ces nymphes de ruisseau, ces Vénus de barrières " qui " frottent leurs joues à toutes les moustaches "... Mais, aussi nombreuses et différentes soient-elles, " tout est bon chez elles, y'a rien à jeter " et quand " le croque-notes " les accroche à sa guitare, elles ont toujours " rendez-vous avec vous ".
" Eh bien messieurs, qu'on se le dise, ces belles dames de jadis sont de satanées polissonnes ". Voilà ce qu'affirme dans un premier temps " le polisson de la chanson " et derrière ces " belles de bistrot ", ils se précipitent avec lui, " ils tombent, tombent, tombent ", les Pamphile, les Gontran, les Théophile, les Nestor ou les Archibald. Ils sont prêts à tout, ricochets, chasse aux papillons ou cueillette d'amandes " pour la bouche gourmande des filles du monde entier ". Et, " dans l'eau de la claire fontaine " Cupidon, le grand Pan, Vénus et Bacchus surveillent l'affaire et les défendent face aux cocus, croque-notes, gros dégueulasses ou " papa gâteau avec hotte sur le dos ". " Gare au gorille ! Il suffit de trois petits bonds " pour qu'ils retroussent " nonnettes et nonnains ", " punaises de sacristies ", jeunes veuve et " filles à cent sous ".
Mais ils savent aussi se mettre à genoux, se faire tout petits devant les jolies fleurs et les poupées. Leur apprendre à faire des ricochets, à effeuiller les marguerites, à tenir les filets à papillons ou à réparer les paratonnerres... Ils passent le pont, " font un tour sur la Grande Ourse " et, au fil du " boulevard du temps qui passe " ils fument " les bonnes vieilles pipes en bois " et laissent " couler dans leur cœur la fine liqueur de la treille ".
Sur un banc public, à l'abri d'un parapluie, " à deux pas des flots bleus, sur la plage de la Corniche " ou sous l'ombre d'un vieux chêne, " l'éternel estivant " " passe sa mort en vacances " et vous parle toujours de toutes ces " passantes ", de " toutes ces femmes qu'on aime pendant quelques instants secrets ".