En haut à droite : "Macri veut un juge ami"
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Mauricio Macri est rentré hier de Miami où il avait été retenu pour d’opportuns cours de leadership à donner aux étudiants d’une université libérale de Floride et sans grande surprise, il a aussitôt fait savoir qu’il refusait de se rendre à la convocation du juge d’instruction qui souhaite l’entendre dans l’affaire des écoutes illégales conduites sous sa présidence par les services de contre-espionnage contre les membres des familles des sous-mariniers du ARA San Juan, disparu pendant une mission en novembre 2017, au milieu du Mar Argentino, alors qu’il faisait route du sud de Tierra del Fuego à Mar del Plata, la base des sous-marins (au nombre de deux désormais).
L’ancien président est soupçonné d’être le commanditaire des écoutes et leur bénéficiaire puisque les ayant-droits des disparus étaient plus que remontés contre le gouvernement aux affaires et que leur colère très médiatisée ne jouait pas en sa faveur dans le cadre de sa campagne électorale pour une second mandat.
Mauricio Macri
invoque donc l’incompétence du juge fédéral qui siège à
Dolores, dans la province de Buenos Aires, où se trouve Mar del
Plata où vivaient, quand le « San Juan » a disparu, et
vivent encore pour beaucoup d’entre elles la plupart des familles,
aujourd’hui portées parties civiles contre lui et les autres
responsables du naufrage, qu’ils soient des officiers ou des
politiques, impliqués dans les nombreuses branches de ce scandale de
grande ampleur.
La Nación se montre très discrète
(regardez en bas à droite)
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Macri prétend en effet que l’affaire doit être traitée dans la capitale fédérale, où siège la présidence argentine et où le tribunal fédérale a la réputation, non usurpée, de lui être favorable : un grand nombre de magistrats y sont clairement à droite et ont tendance à ménager ce côté-là du spectre politique. De plus, il invoque un complot de la gauche qui, à travers cette inculpation, ne chercherait qu’à monter de toutes pièces une affaire contre lui. Il ajoute à tout cela des craintes trumpesque selon lesquelles il y aurait des risques que les élections fassent l’objet de fraudes (1). Bien entendu, et là encore comme à son ordinaire, Macri prétend qu’il se soumettra toujours à la justice de son pays et qu’il n’est pas question pour lui de s’y dérober. Pourtant, il n’a jamais déferré aux ordres d’un juge depuis qu’il est entré en politique. Il s’agit donc de manœuvres dilatoires comme le code de procédure pénale argentin en permet de très nombreuses.
Il faut
maintenant rappeler que les politiques de gauche, lorsqu’ils ont
été poursuivis par la justice argentine, se sont rendus à ses
convocations en temps et en heure. L’ancien ministre des Affaires
étrangères, le défunt Héctor Timerman, qui vient d’être
innocenté à titre posthume dans l’affaire iranienne, avait même
subi des interrogatoires à distance alors qu’il était entré dans la phase
terminale de son cancer.
L'info fait l'objet d'un titre secondaire
en haut à droite (avec photo)
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L’attitude de Macri provoque bien entendu une deuxième demande des parties civiles contre lui : les plaignants souhaitent qu’il soit arrêté sur le champ pour ce deuxième refus de se présenter devant le magistrat instructeur (la première fois, convoqué le 7 octobre, il avait déjà refusé de rentrer en Argentine sous prétexte d’une invitation soudaine à donner des cours en Floride).
Dans le camp politique de Macri, plusieurs voix s’élèvent pour condamner cette attitude de l’ancien président. Certains ténors de droite et quelques candidats parlent même dans son chef de lâcheté. L’un d’eux a rappelé qu’il y avait besoin d’exemplarité en Argentine. Pas faux ! Ailleurs aussi par la même occasion. Ce n’est pas la première fois que les agissements capricieux de l’ancien leader ultra-libéral rencontrent la condamnation morale des membres de son parti et autres alliés. Et cette fois-ci, en pleine campagne électorale, cette désolidarisation indique qu'il existe bel et bien dans l'opinion publique une exigence d'Etat de droit et d'impartialité dans la lutte contre l'impunité.
La presse de droite, quant à elle, semble dans ses petits souliers : les journalistes ne sont pas aveugles, ils discernent très bien la manipulation en direction de l’opinion publique et la commentent mais certains cherchent malgré tout à discréditer le juge.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller
plus loin :
lire l’article de La Prensa, sur son site mis à jour dans la journée (mais le journal a mis l’information à sa une, avec photo)lire l’article de Clarín, issu lui aussi d’une mise à jour de son site Internet
lire l’article de La Nación
(1) Il a déjà avancé les mêmes accusations à peine voilées avant les primaires. Résultat : ce scrutin a donné la victoire à l’opposition. Si donc l’actuelle majorité essaye de frauder, elle s’y prend vraiment très mal. Il n’y a définitivement aucune crainte de cet ordre à avoir.