Décidément, partout où elle passe, elle fait des merveilles. J'avoue que les péripéties pseudo électro de l'ex-chanteur des Czars me laissaient jusqu'à présent plutôt sur ma faim. On ne pouvait pas lui reprocher sa constance à essayer de se renouveler depuis son premier effort solo, l'impeccable " Queen of Denmark" qui était encore dans la continuité de la musique de son défunt groupe. Il a fallu qu'il fasse appel à la parfaite Cate Le Bon à la production pour que son style un peu bancal prenne de l'épaisseur sur ce " Boy from Michigan" particulièrement long en bouche. La plupart des morceaux dépassent allègrement les 5 minutes pour un disque rempli à ras bord. Et même si les chansons semblent de prime abord assez linéaires, elles contiennent suffisamment de chausse-trappes, de fausses pistes pour tenir en haleine pour qui sait écouter et rester un minimum attentif. Bien sûr, la part belle est faite aux ballades, mais il y a quelques sorties de route plus ou moins contrôlées, comme l'excellent et un peu cinglé " Rhetorical Figure", très Bowie période berlinoise, le " Best in Me" plus Kraftwerk ou le vocoder déjanté de " Your Portfolio", comme une new wave version plombier polonais.
Il y est question de rêve américain plus qu'écorné, notamment sur " The Only Baby" où Grant balance crûment son malaise sur la santé et la politique de son pays ("[...] we're gonna need some slaves. We'll drag some people back to here. And we'll make them dig their very own graves. We'll give them clothes and teach them to behave. And they will like it or else. Because "God" obviously want it that way [...]") et termine en répétant ad libitum " That's the only baby that bitch could have", faisant référence à Trump. Voilà donc un disque intelligent à tous points de vue. Peut-être le meilleur de son auteur, du moins en solo.