22 poètes du Luxembourg. Pour les présenter ici, je vous propose d’en lire quelques extraits (3 poètes à la fois) dans le but de vous donner envie de les découvrir dans l’anthologie.
Aujourd’hui, Hélène Tyrtoff, Luc van den Bossche et René Welter
Hélène Tyrtoff
face à la vague arrachée de la côte
tu vois la mer tirer sur ses amarres
entre ses murs vitreux
tu n’es pas reconnu
ne te reconnais pas
aucun symptôme de retour
tu nages comme jamais
on ne t’a pas débarqué
et ce qui fait sauter du navire
n’est pas toujours le pire
(…)
Luc van den Bossche
fugue
la ville s’aplatit et nous attendons
le soir tombe et le rouge remplit notre espace nos vers sont pleins de
fumée bleue de l’heure rien ne part rien ne demeure
samedi nous avons perdu le présent
mais son écho écrit encore comme une nuit fraîche et claire
frappant contre nos coeurs cachés sous la fumée
dans laquelle nous creusons et creusons nos trajectoires
ébouées et chantons et dansons car bientôt nous mourons
mourons sans nom sur nos lèvres de
fumée bleue de l’heure rien ne part rien ne demeure
(…)
René Welter
Sur un bronze de Zouhair Dabbagh
(…)
elle aurait
pu
accueillir
donner
en un
mot
vivre
*
mais plus
de bras
la tête
dans son élan
arrachée
comme ses pieds
*
en larmes
à l’écran
le visage
d’une mère
on ne sait
plus
quoi
dire
aux enfants
pour qu’ils arrêtent
de pleurer
(la photo ci-dessus, reproduction d'un bronze de Zouhair Dabbagh, extraite de l'anthologie, est de Yann Welter)