Dans le désert
j’ai vu une créature, nue, bestiale,
qui, accroupie sur le sol,
tenait son coeur entre ses mains
et le dévorait.
Je lui ai dit : « Est-ce bon, mon amie ? »
« C’est amer, amer », répondit-elle ;
« Mais je l’aime
parce que c’est amer
et parce que c’est mon coeur. »
*
In the desert
I saw a creature, naked, bestial,
Who, squatting upon the ground,
Held his heart in his hands,
And ate of it.
I said, “Is it good, friend?”
“It is bitter—bitter,” he answered;
“But I like it
“Because it is bitter,
“And because it is my heart.”
***
Stephen Crane (1871-1900) – The Black Riders and Other Lines (Copeland & Day, 1895) – Les cavaliers noirs et autres poèmes (La Différence/Orphée, 1993) – Traduit de l’anglais par Paule Noyart.