En règle général, les causes d'un meurtre ont deux origines principales. Le crime passionnel, une histoire de fesses en somme. La situation de vaudeville souvent reprise dans les pièces de théâtre et dans les films. Une femme, un mari et un amant. La chair est faible, comme pourrait vous confirmer le curé du coin. La situation économique d'un foyer. Un père et/ou une mère au chômage, des enfants à nourrir, à habiller et à éduquer. Des situations qui finissent quelques fois, les exemples ne manquent pas, par l'assassinat pure et simple de toute la famille et le suicide de l'exécuteur. Des familles entières décimées ou presque quand il reste un survivant de cinq ou dix ans, qui se retrouve orphelin. Mais il reste l'hypothèse de la rencontre inopinée, le concours de circonstance qui fait qu'un inconnu détraqué s'acharne sur sa victime sans raison apparente ni liens familiaux ou amicaux.
Le drame survenu dans la ville de Lagnieu où Valentin a été massacré par 40 coups de couteau soulève le problème de la diffusion d'informations dans les médias.
Au début, tout le monde a été bouleversé par la situation de l'enfant vivant dans un foyer déchiré : un couple en cours de séparation, la présence d'un amant. Tout est réuni pour trouver la cause du drame familial. Tout naturellement et comme il est de coutume, les enquêteurs ont commencé par l'environnement familial : interrogatoires des parents, perquisition au domicile, inspection des véhicules. La réaction de l'opinion est rapide. On commence à suspecter une vengeance du père, de la mère ou de l'amant. Mais comment peut-on tout de suite soupçonner un père ou une mère d'avoir assassiné sa progéniture ? Les rumeurs vont bon train.
Puis, l'enquête avançant, on découvre de nouveaux éléments : traces de sang sur plus d'un kilomètre, individu au comportement suspect, etc. Tout le monde se refait une opinion et innocente d'un coup d'un seul les proches de la victime. C'est magique.
Cette affaire démontre une nouvelle fois combien il est primordial de marcher sur des œufs et de ne pas se hâter dans les conclusions. Nous ne faisons pas partie de l'enquête et à ce titre nous devons bien nous garder d'émettre un avis même si c'est irrésistible. Moi le premier. Je me suis dit qu'avec 40 coups de couteaux, il était fort possible que ce soit prémédité, que l'assassin attendait sa victime qu'il connaissait parfaitement. Mais comme tout le monde, je suis allé vite en besogne.
Bref, avec le ras-le-bol légitime de la mère de famille sur l'étalage fulgurant et diffamatoire de sa vie privée et les rebondissements de l'enquête, il vaut mieux attendre. Pensons avant tout à la douleur des parents mais aussi combien Valentin a du souffrir injustement pour une raison que la justice arrivera peut-être à déterminer.