Les défenseurs des droits humains s'inquiètent de la réintégration du régime syrien de Bachar al-Assad au sein d'Interpol, et surtout de voir le gouvernement syrien se servir des outils de cette organisation de coopération policière pour réprimer et persécuter ses opposants.
Mis au ban de la communauté internationale en 2012, le régime syrien retrouve progressivement sa place au sein d'instances internationales. Interpol a annoncé dans un communiqué, avoir décidé de "lever les mesures coercitives appliquées sur la Syrie", ce qui permet désormais au gouvernement syrien d'émettre des mandats d'arrêt internationaux, qui prennent le nom de notice rouge.
A l'œuvre dans 194 pays membres sur 195 pays indépendants reconnus, Interpol collabore avec toutes les polices du monde afin de faciliter l'arrestation et l'extradition de criminels ayant réussi à fuir leur pays d'origine ou d'accueil.
Si la motivation politique, tout comme les critères de race, de religion, de genre sont exclus des motifs d'émission d'une notice rouge, les raisons tout comme le contrôle préalable pour son émission par Interpol sont discutables.
En janvier, le journal américain alertait sur l'arrestation arbitraire de personnes ouïghoures ayant appris qu'ils faisaient l'objet d'une notice rouge. Et après la tentative du coup d'Etat contre le président turc Recep Tayyip Erdogan en 2016, environ 60.000 demandes de notices rouges ont été envoyées dans la foulée par Ankara, à l'encontre en grande partie d'opposants turcs ou kurdes.
Or, les opposants à Damas sont des dizaines de milliers à avoir fui la Syrie, théâtre d'une guerre qui dure depuis une décennie et qui a fait près de 500.000 morts. Et selon Human Rights Watch, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont détenues en Syrie pour des raisons politiques.
Dans ce contexte, les défenseurs des droits humains craignent que le régime syrien, qui a déjà toutes les listes détaillées des noms de chaque famille d'opposant, puisse les faire passer pour des criminels, des terroristes ou des trafiquants de drogue et les fasse rapatrier à coup de mandats d'arrêt internationaux ou de notices rouges.