La cancel culture partie ii :  légitimité de la cause, perversion de la méthode

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

AMPLIFICATION PAR LES MÉDIAS

Le Wokisme et la Cancel Culture sont l’apanage presque exclusif des pays démocratiques. Ils en traduisent l’excitation quasi pathologique autour de faits sans les comprendre. Ce sont les intellectuels, les hommes politiques, avec le concours primordial des médias qui qui font que le Wokisme et la Cancel Culture deviennent des événements majeurs. Pourtant, ces deux phénomènes ne sont le fait que d’une minorité.

Les médias, par idéologie, ou par recherche d’une audience, entrent dans une surenchère d’excitation à l’unisson et de manière stéréotypée :

  • Répétition jusqu’à l’exaspération et la saturation de la même information. Ici Wokisme et Cancel culture
  • L’incapacité de reconnaître la vraie origine d’un événement. On se contente de broder diverses informations futiles sur les effets secondaires de ce même événement.
  • Il découle de cette incapacité, des débats stériles, inutiles, dangereusement faux puisqu’ils ne portent jamais sur l’essentiel.
  • L’événement, ici Wokisme et Cancel Culture, est repris à l’identique par tous les moyens de communication.
  • La répétition de l’information finit par créer un malaise social, voire une confrontation sociale.
  • Les réseaux sociaux ne font qu’amplifier l’événement, le malaise social et la confrontation sociale.

LE WOKISME ET LA CANCEL CULTURE UNE CAUSE LÉGITIME GÂCHÉE PAR UN TINTAMARRE MÉDIATIQUE

Le Wokisme et la Cancel Culture, tels qu’on les connaît de nos jours, trouvent leur apogée aux États-Unis dans la communauté noire qui revendique la reconnaissance de sa maltraitance lors de l’esclavagisme du passé. La cause est juste puisque c’est une perversion de l’humanité que de traiter des gens de cette manière. Cette maltraitance englobe, non seulement l’exploitation d’êtres humains par l’asservissement, mais de même le racisme qui en résulte.

Il y a juste quelques décennies, les noirs américains n’avaient pas droit de pénétrer dans les mêmes lieux que les blancs. La démarche de la communauté noire est donc légitime, d’autant que sa mise à l’écart continue encore.

Toutefois, des manifestations tels que le Wokisme et la Cancel Culture ont très peu de chances d’aboutir du fait d’erreur de méthode.

Voici une énumération de ces erreurs :

  • Le fait de rendre coupables les blancs du passé esclavagiste de leurs ancêtres.
  • Le fait de chercher, avant tout, à se venger des blancs du fait du passé raciste de leurs ancêtres.
  • Le fait de ne voir que son propre problème ignorant celui des autres. Ce qui revient à minimiser la souffrance des autres pour ne retenir que la sienne, interdisant presque qu’on en parle. Exemple : si le racisme est une barbarie, elle ne doit pas occulter la souffrance des ouvriers du XIXe siècle.
  • Le fait de vouloir se détacher d’un pays. Aux États-Unis, les noirs commettent une erreur en continuant de s’appeler afro-américain et non américains tout court.
  • Le fait de ne pas se remettre en question soi-même

L’une des grandes caractéristiques de la Cancel Culture, du Wokisme, et de toutes les idéologies similaires, est qu’ils finissent toujours par se retourner contre leurs adeptes. L’un des exemples éclatant et historique concerne les films avec Sidney Poitiers des années 60 et début 70. En effet, à la fin de la ségrégation raciale aux États-Unis, le débat autour du racisme fut occulté et remplacé par des films avec cet acteur très célèbre à son époque. Ces films avaient pour thème la supériorité du noir sur le blanc. C’était une sorte Wokisme et de Cancel Culture déguisés. Le résultat est que, des décennies après, on assiste à l’agonie en plein jour et en pleine indifférence de Georges Floyd. Devrais-je rappeler la joie de certains à la mise à mort de cet homme du fait qu’il consommait de la drogue. Bien abjectes excuses. Ne devrait-on pas plutôt comprendre les mécanismes qui conduisent certains à se droguer ?

Il eût été plus judicieux et plus logique à la fin de la ségrégation raciale de panser les plaies du passé par une entente cordiale autour d’une idée de la nation équitable pour tous. Une entente où l’on commence par faire une analyse des mécanismes qui ont abouti à cette atrocité, à cette barbarie humaine qui est l’asservissement de l’homme par l’homme. Les coupables de ce crime doivent être punis, justement punis en tenant compte de la mentalité de leur époque. Mais quelle mentalité de l’époque peut justifier la découverte de 4000 cadavres d’enfants dits autochtones dans des établissements censés les éduquer ?

EN CONCLUSION :

Le problème de l’esclavagisme, des crimes de masse, des racismes avec passage à l’action sont en fin de compte un problème majeur du monde civilisé. Il doivent être résolus dans un cadre général qui tient compte de toutes les souffrances humaines dues aux intolérances. Séparer les souffrances, légitimer les unes, dénigrer les autres, non seulement ne résout pas le problème, mais expose fatalement au retour de ces mêmes intolérances sous une forme sournoise. C’est là, me semble-t-il, le risque majeur auquel conduisent le Wokisme la Cancel Culture.

Enfin de compte, les noirs américains, pour rester dans cet exemple, constituent une communauté exemplaire, extraordinairement patiente, non vindicative dans son immense majorité, travailleuse, ayant largement contribué à l’épanouissement des États-Unis. Nous devons tous aux noirs la plus grande considération. Une considération sincère et non pas de circonstances. Nous devrions avoir le courage, en dehors des passions, de nous remettre en question. Nous devrions, tous, à l’unisson, et avec l’aide de personnes sages, trouver le moyen de créer chez l’humain cette ultime étincelle qui lui fait refuse, à tout jamais, toute forme de barbarie. La question essentielle est, où trouver ces gens sages ?

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