Héhéhé...😁J'ai merdé
Habituellement je vous offre un film que j'ai franchement aimé, plus souvent qu'autrement tiré de ma collection personnelle, et je vous en parle dans les 10 premiers jours du mois.
zé oublié.😑
Mais habituellement, chaque mois, (dans ses 10 premiers jours, cette fois-ci +4) tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: le cinoche!
Je l'ai consommé, étudié, en fût gradué, y ait travaillé, ait été récompensé, m'en suis retiré, mais on ne retirera pas le cinéma du gars.
Je parle d'un film qui m'a séduit par l'oeil et l'oreille, par le scénario, la cinématographie, le sujet, les interprètes, l'audace, souvent tout ça. Bref je vous parle d'un film dont j'aime tous les choix.
Comme celui-là.
CONTROL de Anton Corbijn.
Corbijn est d'abord et avant tout un formidable photographe. C'est à ses débuts dans les métier, qu'il côtoie la formation Joy Divison dans la deuxième partie des années 70, en Angleterre. Corbijn sera un as photographe toute sa vie. L'est encore, à 66 ans. Il a aussi 22 ans quand il est dans l'entourage du band de Bernard Sumner, Peter Hook, Stephen Morris et Ian Curtis. Corbijn tournera beaucoup de videoclip qui connaîtront un immense succès. Parmi ses plus populaires et réussis: Dr Mabuse pour Propaganda, Lips Like Sugar pour Echo & The Bunnymen, près de 12 excellents videos pour la fameuse formation britannique Depeche Mode, One pour U2, Have You Really Loved a Woman? pour Bryan Adams, Talk pour Coldplay, Reflektor pour Arcade Fire, entre autres petits bijoux.
Il a aussi tourné un clip pour Joy Divison, post mortem à Ian Curtis.
Pour son premier long métrage, en 2006, il choisit d'adapter, avec l'aide du scénariste Matt Greenhalgh, qui lui-même adapte l'autobiographie de la veuve de Ian Curtis, Debbie Woodruff (qui a gardé le nom de Curtis, une fois mariée et presqu'aussitôt rendue veuve).
Pour rendre tout ça plus vrai, Joe Anderson, James Anthony Pearson et Harry Treadaway, incarnant respectivement le bassiste Peter Hook, le guitariste Bernard Sumner et le batteur Stephen Morris, ont tous trois appris à jouer de leurs instruments, sur quelques mois, et jouent pour vrai la plupart des morceaux qu'on entend de Joy Division.
Le film couvre la période de 1973 à 1980, et offre le point de vue de Debbie, bien qu'on ne le sent pas du tout dans le film, pensant plutôt suivre l'égarement mental et le désarroi toujours grandissant de Ian Curtis. Corbijn est gâté pour ce premier film. Non seulement a-t-il de très bon comédiens, dont Sam Riley, qui a la bouille presqu'exacte de Curtis, ce qui trouble davantage. Samantha Morton, dont je n'arrive pas à voir un seul film moche depuis le début de sa carrière et qui m'éblouit chaque fois, joue à merveille la jeune épouse et toute neuve mère égarée dans l'univers qui s'ouvre à Curtis et son entourage.
Corbijn était d'abord un fan du groupe. Et l'amour qu'il portait au band se sent dans son tournage. Il favorise d'ailleurs le plan fixe afin que l'on se sente sur place, impliqué dans la scène. Il suggère aussi intelligemment. Quand les 4 jeunes hommes vont assister au concert qui changera bien des vies, on ne voit jamais qui est sur scène, mais on le devine à l'oreille. La caméra reste sur les 4 visages en pleine épiphanie dans la foule. Le choix du noir et blanc est aussi assez formidable. Le film a d'abord été tournée en couleurs sombres, puis remixé au traitement de l'image, en noir et blanc. Les 4,5 millions qui ont servi pour tourner le film ont tous été tirés des poches de Corbijn. Ce qui en a fait celui qui avait le dernier mot sur tout, et sa création artistique est tout simplement extraordinaire pour mes sens.
Dans une scène où Ian et la journaliste belge qui ouvrira une brèche dans son couple deviennent plus intime, Corbijn a eu l'intelligence de placer comme trame sonore un morceau de 1977, qu'il écoutait probablement, que le band écoutait probablement, que je trouve fabuleux car il est tiré de mon album préféré sur terre. De plus cet album offre une trame sonore qui peut être extrêmement introspective. Pas fou du tout comme choix. Curtis implosait. On le voit imploser de scènes en scènes. Son épilepsie aggravant à peu près tout.
Le film fera le double, en recettes de ce qu'il a coûté. Ce n'était pas important de faire beaucoup d'argent avec ce délicieux film. Bien que brumeux et sombre. C'était une lettre d'amour à une époque.
J'étais probablement gagné avant l'heure pour ce film car Corbijn a visuellement peuplé mon oeil de ses clips une bonne partie de ma vie. Joy Division, mes oreilles, la majeure partie de ma vie et encore de nos jours.
Il s'agit d'une oeuvre d'art autant que d'une biographie. D'une vie de météorite.
C'est beau des météorites.
Ce ciel est beau, même si il vient de Manchester, Nottingham, Macclesfield et Barton Street. Généralement nuageux.
Et qui a vite accueilli le grand Ian il y a plus de 40 ans.