C’était au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, quelques jours après la visite de la Centrale EDF. La Compagnie Tangible et Des ricochets sur les pavés nous accueillaient pour une exposition - conférence, en compagnie de Sébastien Leblond (chercheur en bryophytes), Christine Rollard (chercheuse en arachnologie), Frédérique Aït-Touati (historienne des sciences, metteuse en scène), Stéphane Durand (naturaliste et éditeur), Pascal Ferren (philosophe et urbaniste).
Les mousses ont été les premières à entrer en scène. Il leur suffit d’un peu d’eau et de lumière et elles s’installent, elles ne creusent pas mais offrent le début de la vie, d’un biotope. Elles accueillent des bactéries et des araignées. On dirait qu’elles préparent le terrain. On ne saurait dire d’où elles viennent, elles étaient peut-être là, déjà, à attendre le moment propice. Ce sont ces mousses qui ont alerté et intéressé la Compagnie Tangible qui, elle-même, a sollicité des chercheurs. Musique, danse, théâtre et sciences se sont associées dans ce bâtiment dont l’activité industrielle avait cessé.
Depuis plusieurs années, des compagnies de spectacle vivant se sont installées dans des lieux ainsi désaffectés. Mais souvent, ce n’était que pour en modifier l’usage. L’intérêt de l’expérience « archéographique » de la Compagnie Tangible est l’attention qu’elle a portée au lieu lui-même, à ce qui s’y mettait en vie, en oeuvre, non pour l’utiliser mais bien pour réfléchir à la place des humains dans le vivant. Des micro-organismes, non vus, ignorés, ont réussi à demeurer ou à arriver dans un espace que l’activité humaine avait rendu hostile : mousses, insectes, araignées, organismes unicellulaires, mammifères, ovipares…
Les chercheurs présents dans cette conférence ont dit leur surprise de voir naître la vie dans cet espace alors qu’ils sont souvent allés au bout du monde, dans les forêts, au bord des cours d’eau pour l’y observer.
Nous avons été invités à une plus grande attention.