Je ne vais pas vous mentir : je déteste les masques.
Attention, pas tous les masques ; pas les masques de carnaval par exemple. Participer à un « vidé » dans un carnaval guyanais, déguisé en touloulou Sousouri ou Zonbibaréyo est assez jouissif. Défiler dans les rues sans être reconnu, travestir sa voix, s’affranchir du regard des autres, une fois par an.
Non, je veux parler de ces masques anti-covid dont le port obligatoire recule progressivement. Certes, j’en approuve et j’en comprends la nécessité sanitaire mais le prix à payer a été lourd.
Impossible de voir les expressions du visage. Votre interlocuteur est-il fâché ? A-t-il compris que vous plaisantiez ? Si les yeux sont, dit-on, le miroir de l’âme, la bouche, l’ensemble du visage traduisent les émotions. Si les sourds et malentendants arrivent à lire sur les lèvres, c’est bien parce que nos lèvres « parlent » tout autant que nos cordes vocales.
Et puis, il y a la bise. Certains n’aiment pas cette coutume, covid ou pas.
J’appartiens à ceux qui pratiquent cette forme de salutations. Entre membres d’une même famille, entre amis, c’est un signe de reconnaissance, d’appartenance. Deux, trois, voire quatre, « claquer la bise » fait partie de notre culture, comme pour le monde hispanique, l’ »abrazo », l’accolade.
Et puis franchement, le masque même customisé, même à fleurs, c’est moche. Cela nous fait des têtes de souris, des groins de porc. Nos paroles sont étouffées. Le masqué a-t-il quelque chose à cacher ?
Les masques tombent et c’est tant mieux.
Sauf que tout ce que nous redécouvrons n’est pas forcément joli, joli.
D’abord la crise sanitaire n’a pas révélé, sauf exception, une propension à la solidarité. Derrière les masques, nous nous sommes repliés sur notre petit moi. La peur du covid s’est transformée en peur des autres, plus que jamais, l’enfer c’est les autres.
Et puis quand on voit de certaines bouches sortir certains propos, on se demande si le port du masque n’avait pas quelque chose de bon.