Au début, avec, par exemple, les plates-formes d'Amazon ou d'Uber, il n'était question que de faire disparaître l'acte de paiement lors d'un achat en ligne ou d'un déplacement. Prolongement logique, les outils de BNPL prospèrent aujourd'hui sur leur capacité à offrir des facilités de règlement directement au passage en caisse, avec un minimum de friction, entre autres en évitant les ruptures dans la navigation (tout se déroule dans l'espace du commerçant) ou en réduisant les formalités administratives à remplir.
Pour les fondateurs de Peeled, deux vétérans de la finance, c'est presque une évidence : le principe peut se transposer sur le crédit à la consommation, en particulier pour les montants qui dépassent les limites habituelles du paiement en 3 ou 4 fois. Fonctionnant de manière similaire, c'est simplement une option spécifique qui est alors présentée au client au moment de confirmer sa commande, à travers laquelle il va pouvoir souscrire un prêt en quelques gestes, sans avoir à négocier avec un autre interlocuteur.
Précision qui a son importance, Peeled, qui vient juste d'être agréée par la FCA, se positionne comme un intermédiaire technique, dans une approche de courtage, et non comme un établissement de crédit. Son cœur de métier consiste, d'une part, à distribuer aux marchands un service prêt à l'emploi, facile à intégrer dans leurs sites, et, d'autre part, à agréger au sein de celui-ci les produits des institutions financières partenaires. C'est une sorte de place de marché qui est ainsi mise à la disposition des marques.
Pour les fournisseurs, la jeune pousse procure une opportunité incomparable d'insérer leurs solutions de crédit au plus près du besoin des consommateurs, idéalement avec une promesse de valeur centrée sur la qualité de l'expérience utilisateur, matérialisée par l'instantanéité et la simplicité. Les caractéristiques comptables restent en retrait, sans être totalement masquées grâce à la mise en concurrence des différents participants (même s'il n'est apparemment pas question d'instaurer une mécanique de comparateur).
Naturellement, la démarche de Peeled ne représente qu'une possibilité d'aborder le crédit enfoui parmi d'autres. En particulier, j'imagine aisément le cas où la banque du client figure parmi les acteurs référencés sur la plate-forme : profitant de sa relation existante, elle pourrait alors déployer un processus personnalisé, encore plus rapide. En revanche, si elle désire rester compétitive hors de toute place de marché, elle devra détecter l'événement afin de réagir avec une proposition contextuelle adaptée.
Ce ne sont là que les prémices d'une tendance qui va s'amplifier inexorablement. Les institutions financières qui nient l'évidence et persistent à considérer que la souscription d'un emprunt ne peut s'envisager qu'en passant sous leurs fourches caudines risquent de voir leur clientèle, jusqu'à maintenant captive, leur échapper. Et ce qui touche initialement les paiements puis le crédit s'étendra progressivement à d'autres domaines, pour lesquels il faudra à chaque fois ré-inventer les options de distribution les plus pertinentes.