Chandolin, ce village du Val d'Anniviers, se trouve dans les Alpes valaisannes. Il est situé à quelque 2000 mètres d'altitude. Ella Maillart (1903-1997) s'y est installée à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale.
Dans sa préface, Pierre-François Mettan explique que l'aventurière cherchait tout simplement un lieu à vivre, à distance raisonnable de ce qu'elle abhorrait: la ville, le monde moderne, les idéologies
Regards sur Chandolin comporte cinq textes écrits par Ella Maillart et des photographies prises par elle et regroupées par thèmes, suivis d'un texte de Nicolas Bouvier et d'une postface de Jérôme Meizoz.
Dans ses textes, aussi bien que dans ses photos noir et blanc, Ella Maillart se révèle en portant ses regards sur ce village d'adoption où elle passe la moitié de l'année, quand elle ne court pas l'aventure en Asie.
Chandolin est un courageux village au coeur des Alpes. La vie de ses habitants y est aussi rude qu'originale, change avec la construction d'une route qui le relie à Saint-Luc et qui est empruntée par le car postal.
En 1951, elle, qui connaissait d'autres sommets, sous d'autres cieux, rend grâce au Cervin, une montagne qui, plus qu'aucune autre, bouleverse ceux qui l'approchent et qui se trouve au bout du Val d'Anniviers:
Le Cervin affirme l'existence de l'immuable au coeur d'un monde changeant.
En 1961, elle craint pour la flore locale avec la venue des citadins qui vont à la rencontre de ses Chandolinards. Elle souhaite qu'elle soit préservée et que des affinités se créent entre les uns et les autres.
Ses photographies montrent ce qu'était le village dans les années 1950-1960, le rôle qu'y jouent les vaches lors de l'alpage et de la désalpe, les métiers et les costumes, les rites et l'apparition du machinisme.
Nicolas Bouvier, qui a rencontré Ella Maillart en 1952, raconte quels conseils elle lui donne pour la route Genève-Madras que lui et un ami s'apprêtent à prendre, et qui sont d'une sobriété toute britannique:
Partout où des hommes vivent, un voyageur peut vivre aussi...
Essayez donc cette route, et si elle ne vous convient pas, rentrez!
Jérôme Meizoz dit que ses récits, sans visée littéraire spécifique, étaient transitifs, informés et précis, ses photos vouées à illustrer des savoirs géographiques et ethnographiques pour un grand public cultivé:
Du grand reportage, Ella Maillart se distingue par la modestie de ses besoins, sa proximité quotidienne avec les gens et une absence d'arrière-plan politique explicite.
Francis Richard
Regards sur Chandolin, Ella Maillart, 168 pages, Zoé