En admettant qu'il faille lutter contre le réchauffement climatique, l'électricité nucléaire est un atout majeur pour ce faire. J'ai écrit en admettant parce que rien n'est moins sûr qu'il soit d'origine anthropique. Or, justement, à cette aune-là, l'électricité produite par le nucléaire est propre et décarbonée. Les antinucléaires en France prétendent le contraire, parce que cela sert leurs intérêts, et propagent des idées fausses.
DES IDÉES FAUSSES
Quelles sont ces idées fausses? En voici quelques unes:
- Le nucléaire émettrait beaucoup de gaz à effet de serre. Or d'après les chiffres de l'Ademe en France et du GIEC à l'échelle internationale, le nucléaire est le mode de production le moins émetteur de gaz à effet de serre, au coude à coude avec les éoliennes et l'hydroélectricité: Les fumées blanches évacuées par les tours de refroidissement des centrales nucléaires ne sont pas polluantes et sont parfaitement inoffensives. Ce n'est que de la vapeur d'eau !1
Ce qui différencie toutefois le nucléaire des éoliennes est son facteur de charge (production réelle/production théorique) qui est de 76% contre 24%. L'électricité des éoliennes étant intermittente et non maîtrisée, il faut la compenser par une production à la demande, nécessairement thermique, à partir d'énergies fossiles (gaz, charbon, fioul) qui sont fortement émettrices de gaz à effet de serre... et polluantes.
- Les déchets nucléaires seraient tous très dangereux. Or seule une infime quantité de déchets nucléaires est très dangereuse (0,2% du volume total et 94,6% de la radioactivité totale): le poids annuel de ces déchets est d'environ 10 tonnes. Aujourd'hui ces déchets sont vitrifiés, versés dans des conteneurs standards, entreposés dans des bâtiments industriels dédiés en attendant qu'ils soient traités par de nouvelles technologies, telle que la transmutation par laser qui pourrait permettre de réduire considérablement la durée de leur radioactivité.
(Les antinucléaires ont tout fait pour que soient arrêtés les projets, tels que Superphénix ou Astrid qui auraient permis de trouver des solutions de qualité dans le traitement des déchets nucléaires, en les utilisant comme combustibles. Leur but n'est pas de résoudre le problème des déchets mais d'empêcher que le nucléaire s'avère meilleur pour le climat que les énergies dites renouvelables.)
- Le nucléaire serait très mortel. Or il est le moins mortel des modes de production d'électricité, même si l'on inclut les données de Fukushima et de Tchernobyl et même s'il est comparé au solaire et à l'éolien: dans le nucléaire, le nombre de morts par térawattheures produits est de loin le plus faible, il est, sans surprise, le plus élevé dans le charbon.
- Le prix de revient du nucléaire serait prohibitif. Or ce n'est pas le cas, en comparaison de l'éolien:
. Le coût d'investissement pour construire une centrale d'une puissance d'un mégawatt est quatre fois moindre que celui de la construction d'éoliennes pour la même production attendue.
. Alors qu'une éolienne a une durée de vie de 20 ans, les centrales nucléaires françaises prévues pour durer 30 à 40 ans peuvent faire l'objet d'une prolongation par cycles de dix ans après un contrôle.
. Le parc nucléaire français est amorti et le coût de sa prolongation a peu d'impact sur le coût de production global.
La France étant le pays où la part du nucléaire est la plus importante dans la production d'électricité, il n'est donc pas étonnant que ce soit celui où le prix TTC du kilowattheure facturé aux ménages est le plus bas dans l'Union européenne.
LES INTÉRÊTS BIEN COMPRIS DES ANTINUCLÉAIRES
Dans ces conditions, qui sont les antinucléaires, qui n'hésitent pas à confondre énergie nucléaire civile et militaire pour faire peur aux populations, alors qu'elles n'ont de nucléaire que la réaction en chaîne et qu'elles diffèrent par le degré de pureté de l'uranium utilisé comme combustible dans les centrales, 18 à 30 fois moins pur que celui utilisé dans les bombes atomiques: il est techniquement impossible qu'une centrale explose comme une bombe atomique?
- Des ONG environnementales telles que Greenpeace, Négawatt, WWF.
- L'Ademe, qui se fait le relais de ces ONG environnementales.
- L'écologie politique avec Europe Écologie les Verts.
- Les entreprises allemandes fabriquant des éoliennes et les autorités allemandes qui les soutiennent.
- Le lobby OFATE, Office franco-allemand de la transition énergétique.
- Le syndicat de promoteurs éoliens, France Énergie Éolienne.
Or il existe des liens avérés entre tous ces antinucléaires, si bien que l'auteur peut parler de nébuleuse antinucléaire, qui a obtenu par exemple que l'éolien soit favorisé aux dépens du nucléaire:
On oblige EDF à acheter très cher de l'électricité intermittente à un prix subventionné nettement supérieur au prix du marché et on l'oblige à vendre son électricité à prix cassé à ses concurrents...
CONSÉQUENCES
Les conséquences seraient lourdes si la France sortait du nucléaire:
- Les emplois qui seraient perdus dans la filière nucléaire - 410 000 directs, indirects et induits - ne seraient de loin pas compensés par la filière éolienne: La France ne dispose plus d'aucune filière dans le domaine des éoliennes ou le photovoltaïque.
- Du fait de l'intermittence des énergies renouvelables il y aurait déstabilisation du réseau, coupures d'électricité régulières, précarité énergétique, explosion des factures.
- La France qui est performante dans le domaine nucléaire renoncerait à innover dans le traitement des déchets nucléaires et la sûreté des installations et perdrait donc son expertise, au moment où les USA, la Chine et la Russie font du développement nucléaire une priorité.
Aussi Fabien Bouglé demande-t-il de mettre un terme définitif à 20 ans de gâchis et d'imposture des énergies renouvelables en France:
Il faut sans délai abandonner l'installation d'éoliennes et d'énergies renouvelables, tout en réactivant notre filière nucléaire qui est aujourd'hui une belle endormie.
Francis Richard
1 - Certes la vapeur d'eau est un gaz à effet de serre, mais c'est le CO2 émis par l'homme que les antinucléaires incriminent, oubliant de préciser d'ailleurs que ce n'est pas un polluant...
Nucléaire - Les vérités cachées, de Fabien Bouglé, 288 pages, Éditions du Rocher
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