Wrap Me Up Design : des foulards stylés qui tiennent sur la tête pour les femmes atteintes du cancer

Publié le 06 octobre 2021 par Larrogante

A l’occasion d’Octobre Rose, on a décidé de mettre en avant une femme, Noémie, qui nous a beaucoup touché. Elle a voulu transformer une épreuve (son cancer du sein découvert en mars) en un projet positif. Attachée de presse dans la mode depuis 20 ans, l’image et le style font partie de son quotidien. Arrive la chimiothérapie, et la perte de cheveux. Elle cherchent des foulards à se nouer sur la tête, mais ça ne tient pas, et les turbans destinées aux femmes en chimiothérapie ne lui correspondent pas. C’est de là qu’est née Wrap Me Up Design : des foulards en soie vintage upcyclés qui tiennent grâce à une idée ingénieuse.

Je vous laisse découvrir l’histoire de Noémie, qui nous raconte comment sa marque est née. Aujourd’hui elle a finit sa chimiothérapie et souhaite à sa manière aider les femmes à retrouver leur féminité pendant une telle épreuve mais pas que : les pièces qu’elle propose sont très chics, et peuvent être portées par toutes les femmes.

Bonjour Noémie, peux-tu te présenter ? Qui es-tu et que fais-tu ?

Noémie Cambon, 43 ans, mariée et maman d’une petite fille de 7 ans. Je suis dans la presse depuis près de vingt ans, et je viens de créer ma marque de bonnets foulards Wrap Me Up design by NC.

Tu nous racontes ton histoire, qui est liée directement à la création de ta marque, Wrap me Up ?

Le 3 mars 2021 j’ai appris que j’avais un cancer du sein, tout s’est enchaîné très vite. Le 31 mars je commençais la chimiothérapie, avec en parallèle des séances de cyberknife pour éliminer les métastases qui s’étaient logées sur la colonne vertébrale.

Qui dit chimiothérapie dit évidemment perte des cheveux… en général ils commencent à tomber 17 jours après la première injection… J’ai fait le choix de ne pas les voir tomber, et de les raser complétement très vite. De ce fait, je porte une perruque, mais ça n’est pas toujours simple au quotidien, chez soi, ou lorsqu’il fait très chaud, ou qu’il pleut et je voulais porter des foulards façon « pirate », mais je me suis vite rendue compte que c’était impossible, que ça ne tenait pas en place… C’est ainsi que m’est venue l’idée de faire coudre mes foulards sur des bonnets. Ainsi ils tiennent parfaitement en place, et je peux sortir sereinement dans la rue sans avoir peur de me retrouver « à nu » face aux gens…

En créant ces bonnets foulards pour moi, j’ai fait une longue recherche et je me suis rendue compte que ça n’avait jamais été fait. Ça n’existait nulle part… Cette idée si simple, et si confortable n’avait jamais été conçue par personne.

Donc le plus de tes créations, c’est le bonnet ? Tu fais tout à la main ?

Oui le bonnet, c’est la clé de mon invention. J’ai fait une étude pour trouver le bonnet le plus adapté à mes besoins et celui des femmes, qui comme moi sont en traitement ou souffrent d’alopécie.

Je ne fabrique pas moi-même les bonnets, pour des raisons évidentes de quantités trop petites pour lancer une production. Ils viennent d’un fournisseur anglais, qui propose des bonnets en taille unique fabriqués à base de fibre de bambou, de coton avec une touche d’élasthanne pour un meilleur maintien. L’avantage de ces bonnets est qu’ils existent dans de nombreux coloris, et donc peuvent s’assortir au mieux aux foulards, pour une invisibilité totale (bien que certaines clientes préfèrent porter Wrap Me Up design by NC avec le bonnet apparent… c’est le choix de chacun, il n’y a pas de règle).

A part la fabrication du bonnet, je lave tout moi-même avec de la lessive bio et hypoallergénique, je les repasse, je fais le montage du bonnet et du foulard que je porte ensuite chez mon couturier parisien.

Ensuite je fais les shootings à la maison, qui est devenu mon bureau atelier… Je préfère m’occuper de tout, surveiller toute la chaine de production, afin de m’assurer que toutes les mesures sont respectées pour que mes clientes puissent porter leur foulard dès réception sans peur d’allergie ou de réaction cutanée.

Où chines-tu tes foulards ?

Au début, à cause du covid, j’étais plus sur le net sur des sites comme Vinted, ou le Bon Coin, mais cet été, les vides greniers et les brocantes sont réapparus, ou encore Emmaüs. Ma démarche étant l’upcycling, il ne s’agit que de chiner sur toute la France.

J’aime l’idée de donner une deuxième vie à ces foulards en les transformant, et qu’ils permettent ainsi à des femmes de retrouver une forme de féminité dans un moment où celle-ci est mise à mal. C’est un accessoire qui upgrade immédiatement un look. C’est un choix assumé de porter un foulard : on ne se cache pas, au contraire on attire les regards.

La chimiothérapie est liée à la perte de cheveux. Est-ce que pour toi, comme beaucoup de femmes le décrivent, ça se traduit par une perte d’identité ?

J’ai eu la chance de rencontrer une femme merveilleuse, une prothésiste capillaire, Mylène de la Galerie des Turbans à Paris. C’est vers elle que je me suis tournée pour me raser la tête, et par sa douceur et son approche, je n’ai pas versé une larme, et avec l’amie qui m’accompagnait, on s’est surprise à sourire et à même franchement rigoler.

Mylène m’a très vite cernée, et elle a réussi à me faire une perruque identique à ma coupe d’avant, mais aussi à la couleur et la texture de mes cheveux. Dans la rue, les gens qui me connaissent mais ne sont pas au courant de ma maladie ne peuvent pas imaginer une seule seconde que je porte une perruque.

Maintenant les choses ont beaucoup évoluées, et de nombreuses astuces existent comme les bandeaux de cheveux créés par la marque les Franjynes (que je porte ou non sous mes bonnets foulards).

Par contre, je ne vais pas mentir, il y a un côté un peu « schizophrène », et il est vrai que je ne me reconnais plus dès que je suis chez moi « sans rien » et que je croise mon reflet dans le miroir. Je me surprends même, lorsque je suis mal réveillée à me demander qui est cette personne chez moi. Cela dure un centième de seconde, mais cette réaction perdure…

Mon conseil également, si je peux donner des « tips » est de se faire tatouer les sourcils avant de les perdre complètement. Maud Esthétique fait un travail remarquable avec un tatouage poil à poil. C’est bluffant comme résultat. Car on parle des cheveux, mais on perd également nos sourcils, puis nos cils, et même nos ongles noircissent avec la chimiothérapie…

Sans cheveux, ni sourcil ni cil, il n’y a plus aucun relief sur notre visage, et la maladie nous creuse évidemment le regard, on est très pâle…. Sans « artifice », j’avais l’impression de ressembler à Voldemort dans Harry Potter. Ce n’est pas une image très jolie, mais on a l’impression de disparaître.

Et le plus important est de ne pas laisser la maladie gagner du terrain. Ni dans notre corps ni sur notre aspect physique. Tant qu’on en a la force, il faut continuer à prendre du plaisir à s’habiller, à mettre des bijoux, tout ce qui peut nous pimper le moral quand on se regarde dans le miroir. Quoiqu’on en dise l’image de soi est importante, primordiale même.

Est-ce que, en 2021, malgré les campagnes Octobre Rose et la médiatisation, le cancer est tabou dans notre société ?

Le cancer fait peur. A soi-même, à nos proches, aux gens qui nous côtoient, mais ce qui m’a le plus bouleversée, et me bouleverse toujours autant, c’est au contraire la bienveillance de tous les gens que je rencontre.

Je pense que tout le monde – hommes ou femmes confondus – justement avec la sensibilisation médiatique faite autour d’octobre rose sait qu’un jour il sera confronté au cancer, de façon très personnelle ou pour un proche.

La médiatisation faite autour du cancer permet aux gens d’en parler plus facilement. On a pas à avoir honte d’avoir un cancer, on peut le dire (même si ce n’est pas ce qui nous définit) et maintenant les gens n’évitent plus le sujet lorsqu’ils vous abordent. On peut demander à quelqu’un qui a un cancer « comment il va », parce qu’il y a des jours difficiles mais tant d’autres où la vie est là et nous permet de sourire, d’être positif, et même parfois d’oublier qu’on est malade.

En parlant d’octobre rose, tu vas reverser 10% de chaque vente à l’Institut Rafael, où tu as été soignée. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Je suis toujours soignée à l’institut Rafael. Depuis 7 mois c’est un peu ma deuxième maison, et elle le sera encore pour plusieurs mois à venir. Mon protocole est loin d’être terminé. J’ai fini la chimiothérapie, j’ai eu la mastectomie avec reconstruction immédiate, je vais bientôt commencer les séances de radiothérapie avec en parallèle l’hormonothérapie.

Lorsque j’emploie les mots deuxième maison, c’est un choix, car je m’y sens bien. Ça n’est pas un hôpital, c’est le lieu où je rencontre mes médecins, mais celui où je vais faire du yoga, où je bénéficie de soins adaptés à ma pathologie (psychologue, sophrologie, naturopathie, onc beauté, bientôt neuro feedback…).

Il y a également une association géniale qui rassemble des anciennes patientes en rémission ou guéries qui sont là pour nous conseiller et nous écouter.

L’institut Rafael c’est un tout. Une bulle de bienveillance fondée par les docteurs Toledano et Sebban, qui m’ont permis d’avoir accès aux meilleurs soins et ce gratuitement. C’est un lieu unique en France, où l’appréhension s’envole lorsqu’on pousse la porte de cette maison de l’après cancer.

C’est un lieu où ma fille et mon mari peuvent m’accompagner, ça n’a rien d’anxiogène ni d’angoissant comme peut l’être un hôpital.

C’est pour toutes ces raisons que je voulais trouver une solution, même infime, de pouvoir leur dire merci à ma façon, pour tout ce que l’institut Rafael m’apporte au quotidien. Et comme il ne fonctionne qu’avec des dons privés, ce serait fantastique qu’il puisse se développer ailleurs en France et qu’il puisse accueillir encore plus de malades.

Où peut-on acheter tes créations ?

On retrouve l’intégralité des créations uniques sur le site www.wrapmeupdesign.com , ainsi qu’à la Galerie des Turbans qui les propose également à ses clientes dans son salon sur rdv au 24 rue saint Petersbourg Paris 8ème.

Un mot pour la fin ?

J’espère que Wrap Me Up design by NC pourra répondre simplement au besoin de toutes les femmes qui comme moi sont atteintes d’un cancer, et qu’en portant l’une de mes créations, elles se sentiront jolies et en confiance.