Ce n'est pas la Sainte Inquisition : tant les moyens mis en oeuvre que le pouvoir de nuisance sont absolument incomparables.
Il n'en reste pas moins que nos petits censeurs à la croix de bois sont au moins aussi bornés et délirants que leurs glorieux ancêtres.
Je suis sur Facebook, comme des millions d’autres.
Et, comme des millions d’autres, j’y fais quotidiennement don de mes données personnelles (qui ne le restent donc pas très longtemps) en échange du droit de diffuser (de moins en moins largement) les billets de mon blog, certaines de mes photos et surtout de m’écharper avec des inconnus pour les motifs les plus divers.
En conséquence de quoi j'y suis assez régulièrement insulté. Parfois sans motif évident, mais le plus souvent en réponse à l’une ou l’autre de mes prises de position sur le vin, la vinification ou les thèses ébouriffantes de tel ou tel courant de pensée ou pseudo lanceur d’alerte
La routine.
Cette routine, j’ai un peu de mal à m’y faire, alors il m’arrive de signaler les insultes, demandant leur suppression.
Généralement on me rit au nez, et Facebook me répond invariablement qu’il n’y a là rien de contraire aux sacro saints « standards de la communauté ».
Quelle autre communauté tolère-t'elle que ses membres s'agressent et s'insultent ?!
Car de toute évidence, ici l’insulte publique n’est pas un problème, du moins pour les censeurs.
Pas plus que les faux profils, les fake news à outrance et le racolage des brouteurs.
Entre autres standards.
Mais il y a des limites à tout.
Et ces limites je les ai personnellemet atteintes, et même dépassées.
Par deux fois !
La première fois, Nicolas Lesaint publiait une photo de tracteur démonté, à l’atelier. En authentique hooligan, je lui répondais finement :
« Retourne sur Tatooine, sale Jawa ! ».Je me faisais rapidement recadrer par Facebook, mon message ayant été jugé comme faisant partie de la détestable catégorie des : « manifestations de haine ».
Plus con tu meurs, alors j’avais préféré en rire.
Là, 6 ans après la mort de la Chatte Earley, je viens de me décider à adopter un nouveau chat.
Regrettable erreur.
J’ai été faible.
Mais le sujet des chats étant super porteur sur les réseaux sociaux, je lance cette nouvelle à la face du monde ébahi.
Et je précise que cette pauvre bête est totalement flippée, quasi terrorisée. Bref qu’elle est adorable mais que c’est une vraie fiotte. Qu'il y aura donc du boulot pour la rassurer et la sociabiliser.
Une vraie fiotte, ma chatte ?
Paf, à nouveau : « manifestation de haine ».
Le cas est d'autant plus grave que mon lourd dossier atteste que je suis un dangereux récidiviste de la haine et ses manifestation.
Je fais alors remarquer que je parle de mon chat, que je viens de l’adopter et qu’un rien lui fait peur.
Que c’est mon chat et que j’en suis déjà gaga.
Bien que ce chat (cette chatte) soit une fiotte.
Et que la position de mes censeurs est ridicule.
Ma réclamation entraîne une vérification de ma faute, et mon cas, gravissime, est confirmé : indiquer que ma chatte est une fiotte est bien à ranger dans la catégorie des « manifestations de haine ».
Donc voilà : le monde en général et Facebook en particulier vont tellement bien qu’il n’y a rien de plus important à faire que de m’empêcher de qualifier mon chat fraîchement adopté de « fiotte ».
Ces gens sont ils sérieux ?
Il semblerait que oui, je le crains.
Bien sur toute cette histoire est sans importance.
D'autant que ces petits censeurs à la croix de bois n’ont pas d’autre pouvoir que de limiter mes possibilités d’expression sur Facebook.
Je devrais y survivre.
Même s'il me semble qu'ils proposent une belle illustration de la connerie, de l’application débile de règlements ineptes et plus généralement de ce formatage consternant qui décide du convenable et de l’inconvenant selon des règlements obscurs et grotesques et, dans le même temps, laissent passer des tombereaux de merde.
Mais bloquent sur un chat qualifié de fiotte.
Alors tu sais quoi, Facebook ?
Tes standards de la communauté : je te suggère vivement de les imprimer sur papier kraft avant de les rouler bien serrés et de te faire du bien avec.
Oui, c'est une nouvelle "manifestation de haine", je le crains.
Car, tout bien considéré, ta communauté et ses standards finalement je n’en veux pas : ça sent le rance, la médiocrité et - trop souvent - la manifestation de haine contre ce qui n’est pas formaté comme ça doit l’être afin de servir tes intérêts.
Ciao.