Si le Maloya est sorti de l’ombre il y a quelques dizaines d’années, c’est sans doute grâce à Firmin qui a le premier diffusé cette musique et la culture dont elle est imprégnée. Depuis, il fait figure de père pour tous les groupes de Maloya de l’île. Firmin est un homme simple et sans artifices. C’est chez lui, dans sa petite case de la Ligne Paradis, qu’il m’accueille cet après-midi. Sa famille, toutes générations confondues, vit ici autour de lui, en bordure des champs de cannes dans lesquels Firmin a passé une bonne partie de sa vie. Rencontre avec un personnage authentique …
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Firmin me reçoit dans son séjour, autour de la grande table familiale.
Deuxième Sakifo pour Firmin !
L’année dernière, lors de la clôture du Sakifo, le spectacle était tel que Firmin a été sollicité rapidement pour renouveler l’expérience ! Firmin a choisi cette année de jouer en acoustique, sans fioritures, avec uniquement les instruments traditionnels du Maloya. Il jouera donc accompagné de sa famille comme il l’a toujours fait, et avec ses instruments fétiches que sont le kayamb, le rouler, le pikèr, mais aussi le djembé, le triangle et le borde… Mais l’homme n’est pas pour autant contre les nouveautés, bien au contraire ! Les années passées il a enrichi son Maloya de sonorités venues d’Inde, comme certains de ses aïeux. Firmin m’explique qu’il a également des ancêtres venus du Mozambique, c’est pourquoi il aimerait tenter un métissage musical avec ce pays.
Des projets après le Sakifo ?
Dans les projets immédiats, Firmin s’envole pour la métropole juste après le Sakifo. Il doit monter sur scène pour promouvoir le Maloya dans le cadre du festival de la ville de Pau (sud-ouest de la France). Dès qu’il en a l’occasion, Firmin apprécie également d’aller jouer sur l’île Rodrigues qu’il affectionne tout particulièrement. Il y rejoint de bons amis avec lesquels il joue son Maloya, mais aussi le « Quadrille » et la « Mazurqua » créoles, formes de musique plus anciennes qui ont tendance à disparaître à la Réunion. A Rodrigues, me dit-il, ces musiques sont vivantes, ce n’est pas du folklore !
Le Maloya, un mode de vie pour Firmin…
Firmin vit le Maloya tous les jours. Avec sa famille tout d’abord, qui l’entoure aussi bien sur scène que dans la vie. Quand il répète, c’est chez lui, dans son kaz. On sent quand il en parle, que cette culture lui colle à la peau. Il continuera à donner de son énergie pour la préserver, la diffuser et la transmettre. Mais, dit-il, ce n’est pas tout seul qu’il pourra le faire. Nombre d’artistes, de Waro à Pounia, sont venus lui demander conseil tout au long de sa carrière. Chaque année pour la fête du 20 Décembre, Firmin organise un grand « kabar la cour », comme dans le « temps lontan ». C’est dans le champ d’à côté que la fête a lieu, ou ailleurs lorsqu’on le sollicite. Il invite à l’occasion des artistes de l’île qui répondent toujours présents. Un rendez vous que personne ne voudrait manquer ! Pendant que nous discutons, madame Viry entre dans la pièce. Je propose alors de prendre quelques photos des époux. « Si ou lé prêt, ma lé prêt ! » me répond Firmin en souriant. Je prends quelques clichés dans la cour et je serre la main de ce travailleur qui a commencé enfant dans les champs de canne et qui aujourd’hui encore garde ce besoin, comme il dit, de « toucher la terre ».
Merci à Firmin et à sa famille de m’avoir accueilli en toute simplicité chez eux et pour leur gentillesse. Nous serons là dimanche 10 août pou kraz Maloya ek zot tout’ !