Le racisme, tout racisme, m’est étranger et insupportable. Sans avoir besoin de “l’ami juif” sartrien, cela m’a valu dans le passé quelques échanges chauds avec de la faune d’extrême droite..
J’avoue pourtant, depuis quelques années, une certaine irritation face certains comportements hurlant à l’antisémitisme dès que sont simplement abordés certains thèmes.
Un exemple : l’emploi du mot “Shoah” dans les médias et les conversations m’énerve. Si les juifs ont payé un tribut particulièrement lourd et odieux à la barbarie nazie, s’ils ont fait l’objet de mal-traitements barbares scientifiquement organisés, ils n’ont pas été les seuls et je me refuse à discerner parmi ces victimes. Et le dire simplement ainsi m’a valu quelques regards lourds.
Un autre : Israel… Si j’admets bien volontiers les raisons qui ont conduit à la création de cet état, il n’empêche que, paraphrasant de Gaulle, cela reste à mon avis un état racial ou religieux, fonction des critères de chacun, dans lequel il m’est par exemple, personnellement, impossible d’émigrer pour y acquérir la nationalité. Il est des endroits où dire cela en l’argumentant crispe de suite l’ambiance.
Un troisième : le conflit du proche Orient. Comment ne pas voir qu’il oppose actuellement (ce qui n’était pas vrai il y a 60 ans) deux légitimités : l’une issue de racines culturello-religieuses et confortée par le sentiment de culpabilité des puissances européennes en 1945 et l’autre, appuyée sur celle des “premiers” occupants, ou plutôt, en l’occurence, là, des avant-derniers. La colonisation rampante des territoires “occupés” organisée par les gouvernements israéliens successifs (hors le gouvernement Rabin) depuis une vingtaine d’années, ne peut qu’exacerber les tensions obligatoires à ce type de situation, d’autant si elle se pérennise d’un “mur” et si sa seule justification provient d’un intégrisme religieux: “Dieu nous a donné ces territoires”.
Que ces quelques lignes ne mènent pourtant pas à penser que je soutienne pour autant inconditionnellement une cause palestinienne, certes toute aussi légitime, mais qui s’est trop souvent fourvoyé dans des assassinats de civils et dont une partie a maintenant sombré dans un intégrisme religieux symétrique. Mais souligner les légitimités des deux camps du Proche Orient m’a aussi valu quelques commentaires peu amènes.
Pourquoi traiter aujourd’hui un sujet si délicat par les réactions qu’il suscite généralement ? Parce que le haro sur Siné m’indispose, n’en déplaise à MM Badinter (pour lequel j’ai un total respect par ailleurs) et Delanoë, même si certaines de ses expressions ne sont pas du meilleur goût, par la levée de boucliers enflammés de ceux qui voient partout la bête immonde.
Sur un thème approchant et que j’ai découvert après avoir écrit ce billet post-daté, l’excellente synthèse “Les dangers de l’affaire Siné” , sur le blog “Les mauvaises fréquentations”, sur le contre-journal de Libération , le point de vue d’un avocat sur la même affaire et enfin la bouffée d’oxygène que me procure JM Laclavetine dans Le Monde .