Si les barrières réglementaires sont levées dans les délais prévus, la plate-forme sera déployée en France, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas au cours de la première moitié de 2022. Comme les 25 clients conquis outre-Manche depuis son lancement en 2018 (parmi lesquels figurent quelques noms connus tels que Raisin, CurrencyCloud, Moneybox…), les entreprises de ces pays pourront intégrer l'un ou l'autre, voire l'ensemble, des produits de Starling Bank au cœur de leur proposition de valeur.
La palette comprend les comptes courants et d'épargne, les cartes de débit pour les adultes et les adolescents, les porte-monnaie électroniques… La jeune pousse assume, naturellement, toutes les contraintes techniques et administratives, apportant dans la corbeille, en délégation, sa licence bancaire. Les organisations utilisatrices peuvent se concentrer sur leur métier, elles n'ont qu'à incorporer les API à l'état de l'art mises à leur disposition afin d'embarquer les fonctions désirées dans leur propre solution.
Au premier abord, l'approche indirecte retenue par Starling Bank pour l'expansion de son activité sur un marché européen considéré de longue date comme extrêmement attractif peut paraître décevante. Il faut pourtant reconnaître que le nombre de néo-banques ayant émergé ces dernières années peut susciter des doutes quant à la viabilité d'une telle aventure. À l'inverse, les acteurs positionnés sur un modèle de services extensif (dépassant les seules fonctions de paiement) sont rares (qui d'autre que Solarisbank ?).
Cependant, il s'agit peut-être, plus profondément, d'un véritable choix stratégique, fondé sur une perception de l'évolution à moyen terme du secteur. En effet, si la vision de l'immersion de la finance au cœur des parcours du quotidien se matérialise, le meilleur pari que puisse faire aujourd'hui une startup en plein développement est de concevoir et distribuer les fondations de cet avenir prévisible. Comme l'exprime Starling : « dans 10 ans, la plus grande banque du monde pourrait ne pas être une banque ».
La tendance est fréquemment évoquée par les analystes, elle est envisagée par quelques dirigeants éclairés. Mais, aussi bien dans les grands groupes (une des rares exceptions étant BBVA) que dans les néo-banques (qui reproduisent un schéma classique), elle n'est presque jamais prise suffisamment au sérieux pour donner lieu à une démarche proactive. En faisant de cette perspective le point d'appui de sa croissance européenne, Starling Bank se met donc sur les rangs pour devenir la géante invisible des années 2030.