pavillon

Publié le 02 octobre 2021 par Modotcom

pavillon de verrepelletier de fontenay architectes

à l'aube de notre douzième fin de semaine
à la villa du lac
je ne qualifierai plus cet endroit de chalet
ou de résidence secondaire
alors que le palace serait
notre résidence principale

ce n'est pas l'hôtel
on n'y dépose pas nos valises
on n'y est pas de passage

maintenant que nous sommes
de mieux en mieux installés
il est clair que la villa est chez nous
et non plus l'ancienne maison d'untel
nous connaissons le terrain
nous y avons travaillé
carlito s'y promène seul
nous connaissons mieux les voisins
et savons même le nom
de la co-propriétaire du restaurant
au village d'à côté
nous ne sommes plus des touristes
ni de nouveaux arrivants
et encore moins des villégiateurs
surtout que depuis quelques temps
il y a même du courier
dans notre boîte aux lettres au chemin

on partage nos semaines
presqu'à temps égal aux deux endroits

il n'y a pas grand chose
qui distingue notre vie 
sous l'un ou l'autre de ces toits
à part le fait
qu'ici il n'y a ni télévision
ni laveuse à linge
et que là-bas il n'y a pas de table de billard

aux deux endroits
nous travaillons le jour
nous nous reposons le soir
et nous gérons toutes les affaires qui occupent
nos vies de travailleurs et de propriétaires

quand on embarque dans l'auto
avec carlito
nos sacs de linge propre ou à laver
nos équipements informatiques
pour aller de la ville à la campagne
ou vice-versa
c'est comme si on empruntait un long corridor
qui a pour forme l'autoroute
dont le paysage change
au gré des saisons

on passe d'une aire de vie
à une autre
et ce n'est pas vraiment plus dépaysant
que de passer d'un pavillon à l'autre
au musée des beaux-arts
de montréal ou de québec

c'est cela
nous vivons dans deux pavillons
le palace en ville
et la villa au lac

      en termes impérialistes
      nous pourrions même dire
      que nous y battons pavillon

à la campagne
grâce à l'espace supplémentaire
et le paysage magnifique
nous recevons plus souvent
et gardons même à dormir
avec déjeuner et randonnée compris
je ne sais pas à quand remonte la dernière fois
que quelqu'un a séjourné chez nous
avec nous
à part pa' et ma'
dans le cadre de leurs pélerinages annuels à montréal

l'homme-chat et moi
sommes étonnamment affables
le lendemain matin
alors que deux ou trois autres personnes
lisent en pijama au salon
une tasse de café à la main

cela nous prenait juste un peu plus d'espace
pour redevenir moins sauvages
ironiquement
c'est en campagne que cela se passe
grâce à l'air frais et aux promenades
nous devenons des êtres plus civilisés

au pavillon du lac.

dans un tout autre ordre d'idée
ce que je viens de décrire
se traduit en terme fiscal par
être un résident
je parle pour nous de campagne et de ville
mais cela s'applique également d'un pays à un autre
mener les activités courantes de la vie
équivaut à résider à cet endroit
on peut donc être résident de plusieurs endroits
comme de plusieurs pays
et cela occasionne des incidences fiscales
pour ceux que cela intéresse
lire l'arrêt thomson ici
qui a déterminé par jurisprudence
les critères considérés pour évaluer
si l'on réside ou non au canada à un moment donné
et que l'on y est assujetti au paiement des impôts
où si l'on n'y est que de passage.