Lundi 28 juillet se tenait le dernier Conseil des Ministres avant les vacances du gouvernement. A son issue, le président de la République a offert à ses ministres un pot et son épouse a remis à chacun d’entre eux un exemplaire de son dernier CD. On a alors pu assister dans la cour de l’Élysée à une scène édifiante.
Elle m’a fait penser à cet opéra de Verdi dans lequel le librettiste Francesco Maria Piave fait prononcer au bossu Rigoletto l’invective : "Courtisans, race vile et damnée". Visiblement, certains de nos ministres ne reculent devant aucune flagornerie ; la bassesse ne leur fait pas peur. Le pire dans cette histoire, c’est que, si l’immense majorité de ceux qui réagissent sur Internet à cette information sont scandalisés, il se trouve toujours des esprits bornés pour déplorer l’acharnement sectaire avec lequel les vaincus de 2007 s’en prendraient à notre Président.
Nicolas Sarkozy semblait pourtant avoir compris que les Français souhaitaient le voir conserver sa vie privée, privée. Hélas, l’amour et le goût pour le luxe, le monde du mannequinat et de la chanson est plus fort que tout, même quand on règne sur la France, l’Europe et la Méditerranée. Certes, l’épouse du Président n’a pas à renoncer à sa carrière de chanteuse, elle dispose d'ailleurs de son propre nom consacré par la célébrité bien avant son mariage. Mais, comme de nombreux couples, ces deux personnes pourraient fort bien mener leur carrière presque indépendamment. A quoi rime cette perpétuelle confusion ?
Et puisque certains s’étonnent au point de dire : « où est le mal ? les gains réalisés avec ce CD iront à la Fondation de France », risquons une analogie. L’épouse du Président Chirac, outre une certaine activité politique, aimait à jouer les dames patronnesses. Ne s’est-elle, ne serait-ce qu’une fois, manifestée à la fin d’un Conseil des Ministres, en présentant aux participants sa sébile à pièces jaunes ? Non. Eh bien, la rupture, c’est que le couple Sarkozy, lui, ose !