Plats Duplicatats

Publié le 02 octobre 2021 par Hunterjones

Je déteste tant les reprises. 

Les remakes. 


Je peux arriver à aimer une refonte bien tricotée. Wild is the Wind de Bowie en est un bel exemple. J’en frisonne à chaque écoute. C’est une question d’interprétation du morceau. La manière dont voyagent côte à côte la guitare acoustique, le triumvirat magique DAM, Davis, Alomar*, Murray et la voix de Bowie, qui se la joue comme Scott Walker le faisait, mais qui se voulait un réel hommage à Nina Simone, le clip de 1981 avec Visconti à la double basse, Coco Schwabb (qu'on ne verra jamais clairement) qui fait semblant de jouer de la guitare de dos, Mel Gaynor, à 22 ans, incarnant Dennis Davis à la batterie et un fort inutile joueur de saxophone dans cet intime noir et blanc, tout tout tout me plait sur cette reprise.

Il y en a d’autres. Ce n’est pas toujours un crime de faire une reprise. Heidi Stern, connue aussi sous le nom de Jennifer Rush, chanteuse des années 80, a co-écrit The Power ofLove en 1984. Elle l’a chantée et c’était d’une bouleversante beauté. Mais comme elle ne se montrait pas les cuisses ni la poitrine comme la tornade Madonna allait le suggérer avec succès, son succès à elle a surtout été en Europe, en Allemagne, plus précisément, pays de ses racines.Quand Céline Dion l’a refaite dans les années 90, Stern/Rush a été rendue riche. Ça a donc été très très bien pour sa propre survie. On peut dire cela de dizaines et de dizaines d'artistes. En musique, en film. 


On dirait que dans ses deux catégories d'art, on a choisi de faire comme au théâtre. De refaire avec du nouveau monde, quelques années plus tard. Ça peut être bien, mais personnellement, ça m'irrite davantage. En musique, je tolère à 10 % mais je dirais plus sincèrement que c'est beaucoup plus souvent accueilli d'un soupir exaspéré. 
Et la création originale, calisse?!

En films, je ne tolère probablement pas plus qu'à 5%. Dune sera une exception. Il s'agira probablement des deux premiers films qui seront sensiblement les mêmes, qui seront de ma collection de films, au final. J'ai la version de Lynch et projette déjà d'acheter la version de Villeneuve. Dont j'avais aussi acheté le Blade Runner 2049 (possédant le Ridley Scott). Je ne vous parlerai pas de suites de films, ou des prequels, j'ai la mèche courte là aussi. Mais verrai avec beaucoup de curiosité le prequel des Sopranos. Voyez? je suis pas tant fermé, non plus.  


Mais dans mon Québec de tout juste 8 millions et demi d'habitants, j'ai exercé brièvement comme scénariste de mon état. Ce qui veut aussi dire archi pauvre. Une fois écrit, ton épisode télé. ton film, byebye, merci. Et faut vendre ses idées comme un vendeur de char. Convaincre pour vivre...vous savez... Et on était guidé par des boomers dépassés par la vie dans les jeunes années 90 (non! vous ne pouvez PAS tourner dehors ou ailleurs, il faut tourner dans les studios, du film, dehors, ça coûte trop cher! c'est pas l'avenir de la télé! PFFF!).  Des amis à moi tiennent la (c)route et présentent de nombreux projets aux différents décideurs. Xavier Dolan, les as d'abord contournés avant que ceux-ci ne viennent manger dans sa main. J'aime pas tout ce qu'il fait, mais chapeau Xavier, tu fais ce que tu veux. 

Les décideurs, pas juste ici, ont de plus en plus peur de la création originale et filent vers les "valeurs sûres". Comme les super héros, qui n'est pas du cinéma autant que du déploiement de poudre aux yeux. Les suites, aussi. Un film a marché, étirons-le, minimum trois fois. 

Récemment, j'apprenais qu'on disait beaucoup de bien de Sebastien Pilote, qu'on a pas besoin de me convaincre d'aimer, j'ai vu deux de ses trois premiers long métrages. Il est très bien. Mais voilà qu'on m'annonce Maria Chapdelaine. L'adaptation du livre de Louis Hémon de 1914. Adaptation qui a aussi été faite par Gilles Carles, en 1983. J'ai beau avoir un ami d'enfance incarnant Samuel Chapdelaine, j'avoue avoir très très peu, archi peu, envie du sujet. 


Il y a, depuis quelques semaines, une série qui sévit sur nos ondes qui fait lourdement grimacer. Enfin, il y en a des tonnes, Végétation Double, L'Ile de L'Amour, Si On S'Aimait, Chaos, Le show de Julie Snyder en soirée, et j'en passe, mais raconter une série inspirée de la vie de la patineuse Marianne St-Gelais? Pour vrai? une jeune fille qui n'a pas encore 32 ans? À quand la vie d'Émilie Bierre? C'est très inconfortable de regarder cette série alors qu'on se demande en tout temps ce qui est vrai et ce qui est faux. Inconfortable pour Marianne et Phillipe Hamelin, aussi, assurément. Cringe, disent les anglophones. Y avait-il vraiment urgence à nous parler de Marianne? Y avait pas de meilleures idées?  Vraiment? à part la centaine de gens directement impliqués dans la vie de Marianne, ça intéresse vraiment? Qu'est-ce qu'on aura choisi de croire à la fin? Ce sera alors vrai? Ça vaut la peine?  


Et maintenant, Netflix annonce que pour intégrer du contenu de chez nous, on débloquera des sous pour tourner... de nouveaux Filles de Caleb...

...tabarnak...

C'est insultant. Qui attends Les Filles de Caleb? les boomers? Les maisons de retraités? les asiles?


On va alors ailleurs sur Netflix, on choisit d'écouter le dernier film de Denis, avec un Y, Arcand, et on réalise que si ce n'était pas Denis, avec un Y, Arcand derrière la caméra, jamais ce film n'aurait eu un seul sou pour être tourné. C'est subtil comme un boeuf dans une litière à chats. Même le titre est un clin d'oeil marketing à son plus grand succès international. C'est pas du cinéma, c'est du marketing. Dès la scène d'ouverture, on entend de la bouche du protagoniste, le réalisateur qui fait de l'immature médisance. 
Comme moi, maintenant. 

Faudra que je reprenne le crayon. 

On ne semble plus avoir d'idées au Québec.

Je pense avoir écrit une version des Boys quelque part dans mes tiroirs.

Un ancien joueur devient boxeur et est choisi comme jambon de service afin d'affronter une grande gueule, champion du monde. 


Mais il surprendra. 

Du jamais vu. 

 J'ai aussi un Lance & Compte, le film. Il me semble quelque part...J'avais appelé ça Les Pissous.

C'était inspiré des Maple Leafs de Toronto. 

*Et Earl Slick à l'une des deux guitares acoustique ou électrique..