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Lectures estivales (1) : colin gray

Par Francois155

Suivant les (toujours !) bons conseils d’Olivier Kempf en la matière, j’ai rajouté en tête de ma liste des lectures de l’été le livre de Colin S. Gray, « La guerre au XXIème siècle. Un nouveau siècle de feu et de sang »[1]. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler plus en détail, mais, dés l’introduction, un prologue que l’auteur nomme justement « L’intrigue », est exposé « l’argumentaire essentiel, y compris l’orientation vis-à-vis du sujet, qui modèle l’ensemble de cette analyse et ses conclusions ».

Suivent des lignes lumineuses, sept points qui méritent d’être connus de tous tant ils révèlent, en termes limpides, ce qui peut parfois nous sembler confus. Je livre à mes lecteurs ces fulgurances et les invitent à les méditer soigneusement. Il me semble que sont contenues ici certaines des plus essentielles vérités de la guerre envisagée dans le contexte contemporain. À déguster lentement et sans modération : il y a sans doute là matière à réflexion et à discussion infinies[2]

1. La guerre sera toujours présente parmi nous : la guerre est une donnée permanente de la condition humaine.

2. La guerre possède une nature durable et immuable, mais un caractère fortement variable. Il s’ensuit que l’Histoire est notre meilleur guide, bien qu’imparfait, vers le futur.

3. Il se peut que la guerre irrégulière entre États et adversaires non-étatiques soit bien la forme dominante de la belligérance pour les quelques années à venir ; mais la guerre entre États, y compris les conflits entre grandes puissances, est toujours bien vivante. En fait, aujourd’hui, tandis que la plupart des regards sont tournés vers des formes irrégulières de conflit en tant que prétendue tendance future, la prochaine manche du cycle historique stratégique de l’antagonisme des grandes puissances est déjà en train de prendre forme. Un axe possible sino-russe est peut-être en cours d’émergence, ce qui à son tour poserait un formidable défi à la notion américaine d’un ordre mondial unipolaire souhaitable.

4. Le contexte politique est le principal moteur, mais pas du tout le seul, de l’apparition et du caractère de la guerre. Par-dessus tout, la guerre est un comportement politique.

5. La guerre est un comportement social et culturel, autant que politique et stratégique. En tant que telle, elle doit refléter les caractéristiques des groupes humains qui la mènent.

6. La guerre ne change pas toujours selon un mode linéaire et évolutif. La surprise n’est pas simplement possible ou même probable, elle est certaine.

7. Il vaut la peine de poursuivre les efforts pour maîtriser, limiter et réguler la guerre, et donc la conduite des opérations, par des mesures et des attitudes internationales, politiques, juridiques, normatives et éthiques. Cependant, les bénéfices de tels efforts seront toujours fragiles, vulnérables à un retournement décidé par l’un des belligérants qui en aura perdu la nécessité.



[1] Le titre original est, à mon humble avis, plus évocateur encore : « Another Bloody Century : Future Warfare ».

[2] Pour un plus grand confort de lecture, je ne mets pas le texte en italique étant bien entendu que ce qui suit est extrait du livre de Colin Gray (p 6 et 7).


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