Infographie du Midi Libre du 29 septembre 2021
Le sondage IFOP, commandité par Régions de France et la Fondation Jean-Jaurès et publié le 29 septembre 2021, montre qu'une majorité de 74% des Français interrogés font plus confiance aux régions qu'à l'État, sous-entendu central. Ces Français ne sont décidément plus trop jacobins, s'ils l'ont jamais été, mais, bien formatés, ils restent néanmoins étatistes.
À leur décharge, ils ne peuvent comparer l'État aux régions qu'à l'aune des quelques pouvoirs concédés à ces dernières en matière de développement économique, d'aménagement du territoire, de transports non urbains, de gestion des lycées, de formation professionnelle, que, dans l'ensemble, ils connaissent assez bien et dont ils semblent plutôt satisfaits.
Ce sont déjà autant de pouvoirs qui permettent aux régions d'intervenir et de s'immiscer dans leur vie quotidienne. Elles ne font en effet que se substituer partiellement à l'État dans des domaines où, si on leur laissait entière liberté, ils prendraient leur destin en mains et, parce que ce serait moral, seraient plus efficaces que n'importe quelle structure étatique.
Dans le contexte de la prétendue crise sanitaire, où le pouvoir politique s'est arrogé indûment le pouvoir médical, il n'est toutefois pas surprenant que 57% aient plus confiance dans les régions pour assurer un accès aux soins équitable sur le territoire. Ils ont pu constater à quel point des mesures nationales uniformes avaient été néfastes localement.
Ces Français interrogés comprennent que les décisions bureaucratiques et technocratiques prises par l'État central, parce qu'il est éloigné d'eux, ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Ils aimeraient donc que les régions, parce qu'au moins elles sont plus proches d'eux, aient davantage de pouvoirs que ceux qui leur sont actuellement concédés.
Mais, curieusement, il ne semble pas qu'on leur ait demandé quels autres pouvoirs ils souhaitaient voir attribuer aux régions. Ainsi, du sondage IFOP, il ne ressort pas de question posée sur la sécurité ni sur les impôts et taxes, alors que les Français devraient pourtant, bien légitimement, avoir leur mot à dire sur ces sujets qui les touchent directement.
Dans ce sondage, 45% des Français déclarent que, parmi toutes les collectivités du mille-feuilles territorial, ils s'identifient avant tout à leur commune, 34% à leur pays, 11% à leur région, 10% à leur département. C'est à la fois réconfortant et rassurant, parce qu'après tout les régions et les départements ne sont que des constructions sans réels fondements.
Les Français attendent toujours beaucoup de l'État, que ce soit sous la forme de l'État central ou des régions. Le quoi qu'il en coûte présidentiel, qui est une manière de les acheter, donc de les asservir, n'est pas de nature à les en guérir. D'aucuns croient même qu'ils n'auront jamais à en assumer le coût. Ils déchanteront d'une manière ou d'une autre, tôt ou tard.
S'il leur prenait l'envie de vouloir contrôler l'État, à tous les échelons, cela ne leur serait possible que par un renversement de la pyramide des pouvoirs. Car seul l'individu doit détenir le pouvoir s'il veut être libre et il ne doit le déléguer que du bas vers le haut, avec la possibilité de le reprendre quand il n'est pas satisfait. C'est la subsidiarité ascendante.
La Suisse, où est instaurée, imparfaitement, cette subsidiarité, est l'un des pays où les libertés individuelles sont les mieux garanties. En multipliant les lois nationales, en bafouant le droit, la Confédération a récemment eu tendance à les piétiner. S'il n'existait pas de contre-pouvoirs en Suisse, un totalitarisme mou adviendrait très vite, avec ses effets de ruine.
Alors, quelle que soit la forme que revêt l'État, pour ce qui est de la France, qu'il s'agisse de la commune, du département, de la région ou de l'État central, pour ce qui est de la Suisse, qu'il s'agisse de la commune, du canton ou de la Confédération, il est impératif d'avoir présent à l'esprit ce que disait Frédéric Bastiat dans Les harmonies économiques:
Il ne faut attendre de l'État que deux choses : liberté, sécurité, et bien voir que l'on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième.
Francis Richard