Sous le titre des marges

Dans un prologue à son recueil Des marges à remplir, Emmelie Prophète écrit : 

J’ai rencontré les poèmes dans la voix et, dans les yeux des gens qui grignotent chaque jour le malheur, la solitude. Ils sont à eux (…) Il faut faire place au dérisoire, couper, laisser s’envoler les choses et leur encombrante utilité. (…) Ce qui ne rapproche pas n’a pas raison d’être. Ce qui ne peut être partagé est sujet à disparaître. (…)
On habite sa ville comme on peut. Une ville, c’est aussi une maison, un coeur qui palpite pour les mots, pour le pain et pour la main qui s’ouvre par tous les temps, par tous les désespoirs. Ô Port-au-Prince des pauvres et des sans adresse, aujourd’hui je n’ai que des mots, ils seront certainement suffisants pour parler des ressemblances à consigner, de tous ces rêves qui ricochent sur les désirs. (…)

En voici quelques vers :

Depuis tes yeux
Le vide est à réinventer

Tout ça se passe derrière chez nous
Du côté le plus éclairé de l'enfance

Nos rêves étalés sur papiers mouillés
Quelles sont les dernières nouvelles de la nuit ?
L'espace est balisé
On ne signe que pour l'indifférence
La solitude a pris les devants.

Nos bouches ont besoin de mourir
Pour donner vie au papier

Il faudrait en citer d'autres, qui viennent dans nos solitudes et nos silences, par les marges, par les nuits qui ne finissent pas, pour "reprendre la vie".