Après l’avoir rencontrée hier, je continue à lire Emmelie Prophète, cette fois dans un recueil de poèmes publié en 2018 par Mémoire d’encrier, Des marges à remplir et autres poèmes. Aujourd’hui, ce sera le début d’un texte extrait de la deuxième partie de ce livre, intitulée Mes amours du mois de mai.
Je croise chez moi des personnages, inconnus pour la plupart, ils me prennent par la main et passent à travers moi. Je n’existe presque plus. C’est un vieil oncle que la révolution a surpris à Cuba, la vieille dame qui autrefois habitait en face et passa comme un automne. Elle m’a rapporté un peu de la tristesse de Manhattan et tout le froid des rêves de cet ailleurs trop gigantesque. L’après-midi, je grimpe le premier tap-tap pour retrouver cette vie que je suis condamnée à fermer derrière moi tous les matins et passer la journée à les inonder de sueur, moi l’un des personnages de la suite de l’histoire de la pomme. Je ne les identifie pas tous, peu importe. Je respire des histoires au travers desquelles je me vois ombre légère et vaporeuse te cherchant dans les rayons poésie sciences naturelles d’une bibliothèque oubliée. (…)