L’année suivante est publié dans Nature un article depuis abondamment cité, fruit des travaux des économistes suisses Ernst Fehr et Urs Fischbacher. Leur idée ? La coopération au sein de notre société reposerait essentiellement sur un mécanisme de « sanction altruiste ». Là où des individus, ceux que les économistes nomment « passagers clandestins », peuvent profiter des efforts de leurs concitoyens sans avoir à mettre la main à la pâte, la menace que peuvent mettre à exécution ceux qui coopèrent semblent suffisante pour dissuader un tel comportement. Mais, si sanctionner représente un coût et ne rapporte rien à l’individu qui se décide à le faire, comment le mécanisme peut-il fonctionner ? Qui prendra l’initiative de la sanction ?
L’expérience de laboratoire conduite par ces deux économistes et décrite dans ce deuxième épisode par Marc Willinger (Université de Montpellier) et David Masclet (Université de Rennes 1) montre que c’est bien là où il y a sanction qu’il y a coopération. Cette sanction semble reposer sur la colère du coopérant se rendant compte que tout le monde n’adopte pas un comportement vertueux. Si la décision de sanctionner vise ainsi à calmer un état émotionnel négatif, l’expression « sanction altruiste » reste-t-elle alors pertinente ? Cela semble en tout cas s’éloigner un peu de la figure du parent qui sanctionne son enfant avec l’argument classique : « C’est pour son bien »… Dernier week-end des vacances. C’est la rentrée et nous nous l’affrontons tous en traînant nos galoches, ne sachant pas trop de quoi elle sera faite. Il y a un an, nous avions encore l’espoir que les problèmes et autres difficultés liés au Covid-19...