Cameroun : Le scandale du logement des étudiants de Yaoundé, Soa

Publié le 29 septembre 2021 par Tonton @supprimez

Trouver un logement n'est pas chose aisée pour les étudiants. Les plus chanceux réussissent par l'entremise d'un proche qui est sur le point de sortir de la cité.

Certains décident de procéder par renseignement comme affirme Claire. " Pour avoir ma chambre, je sillonnais toute la zone de C.R.A.D.A.T. : cité U, école des postes etc. Et je demandais à tous ceux que je croisais s'ils n'ont pas vu une plaque marquée : chambre à louer ". D'autres passent par une page Facebook où ils font une annonce dans un groupe de recherche de logements. Et ici, il y a des frais à chaque étape. Boris a eu recours à un agent immobilier en ligne. Il déplore le coût de cette procédure. " Dès que j'ai passé l'annonce. J'ai déboursé 30000 francs CFA pour l'ouverture du dossier qui consiste en ce qu'il cherche la chambre. J'ai ensuite payé 5000 francs pour la visite. Lorsque j'ai pris la chambre, je lui ai encore donné un mois de loyer , qui renvoie à 11.000 dans mon cas. Tout ça me revient cher ". En plus de cette arnaque, plane désormais le risque de subir une hausse du loyer. Kevin par exemple, a vu le prix de son logement augmenter sans aucune justification. " le bailleur m'a appelé en début d'année et m'a dit que les prix allait changer dans les 3 mois qui allait venir. Il n'a pas donné de raison. J'ai dû accepter car je n'avais pas le temps de chercher une nouvelle chambre. Je payais d'abord 120.000 francs, mais depuis le mois de mai paye 156.000 francs CFA l'année ".

Dans une autre cité, Claire nous raconte que la tentative d'augmentation de prix du loyer a échoué. Les occupants de la chambre ont vivement protesté et le propriétaire a fini par lâcher l'affaire. Que ce soit à Yaoundé I ou II, les prix des chambres sont généralement connus par les étudiants du coin, un candidat à juste à se renseigner. Mais le standing compte aussi. Pendant qu'à Ngoa - Ekelle, le prix de la majorité des logements sinon tous, est compris entre 120 et 200.000 francs l'année, aux alentours du campus de Soa, une chambre peut aller jusqu'à 400 voire 500.000 francs l'année. À ces prix là, les chambres ont le sol carrelé. Des vérandas avec des pavés et ces cités sont très souvent dans une clôture bien gardée.

Malheureusement insalubrité rime avec pauvreté...

Qu'on loge à Yaoundé 1 ou à Soa, l 'accès n'est pas souvent chose aisée. Pour arriver dans certaines cités comme celle dénommée Queens Memorial, il faut serpenter la route, se faufiler entre des allées étroites, passer derrière les toilettes communes en toles parfois, raser les murs en parpaing cassés, traverser des caniveaux et flaques d'eau puis grimper une colline en terre. Et s'il pleut, apprêtez -vous à patauger dans la boue. La nuit tombée, c'est encore plus compliquée parce qu' il n y a pas de lampadaire. " On utilise la torche de nos téléphones ou on se retrouve grâce des fenêtres qui éclairent au-dehors. Et plusieurs fois nous avons déjà été victimes de vols ici " déclare Celine. L 'accès est déjà un problème et l'obscurité favorise l'insécurité. L'état des chambres est un autre casse-tête. À l'entrée de la cité, l'on est parfois accueilli par les câbles d'électricité qui pendent, les portes rongées ou des tas d'immondices. Et à l'intérieur, l'humidité lèche les murs et le plafond s'effrite.

Les étudiants se plaignent également des factures d'électricité et d'eau. Au point que Boris pense que les factures sont factices. " Dans ma cité par exemple, les compteurs d'électricité sont regroupés et cadenassés dans un boite en fer, par conséquent, on ne peut rien vérifier. Le concierge est la seule personne à avoir les clés". Avant d'ajouter " Je n'ai pas de télévision, pas de fer à repasser mais il y a quelques mois ma facture est venue à 9000 francs CFA. Je suis convaincu qu'il trafique ou même qu' il augmente les prix des factures ". Dans d'autres cités, plusieurs compteurs sont flous et défectueux du fait de la vétusté. Ces bailleurs ont alors instauré le système de taux forfaitaire, qui n'arrange pas toujours les habitants. C'est le cas pour Dominique, habitante d'une cité à Soa. " il y a un seul compteur pour toute la cité. Donc lorsque la facture arrive, on divise juste la somme totale par le nombre de chambres. Le problème avec ça c'est que celui qui n'a presque pas d'appareils se retrouve en train de payer pour celui qui consomme plus en électricité ou en eau. Et ce n'est pas juste ". D' où le fait que certaines cités ont un puits.

La plus part de ces étudiants sont sortis de la maison familiale souvent éloignée ou dans une autre ville pour faire face à ces difficultés. Vivre toutes ces réalités est donc parfois brutale pour eux. C'est grâce à la solidarité qu'ils y survivent, en attendant que les conditions s'améliorent.

Larissa Carole Etongo (Stagiaire)