J'ai découvert Wesley Chu avec son partenariat avec Cassandra Clare dans l'écriture de la série spin-off de The Mortal Instruments dédié à Magnus et son cher Alec. En cherchant des informations sur cet auteur ( parce que, oui, je suis curieuse) j'ai appris qu'il écrivait de la science-fiction et qu'il avait bonne réputation outre-Atlantique. C'est pourquoi, j'ai bondi de joie en découvrant que Fleuve éditions allaient le publier.
J'étais vraiment curieuse de lire !
De quoi parle Time Salvager exactement ?
La Terre n'est plus qu'un champ de ruines dépeuplé et toxique. Ses habitants l'ont quittée depuis longtemps pour s'établir dans le système solaire. Leur survie repose sur les ressources que les Chronmen, des voyageurs du temps, vont régulièrement chercher dans le passé.
James est l'un d'eux : désabusé, abîmé par chaque voyage, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Ses supérieurs, veillant au respect scrupuleux des Lois temporelles qui régissent chaque bond dans le temps, le trouvent de plus en plus ingérable. Si ce n'était son talent et son expérience inégalée, ils l'auraient mis dehors depuis longtemps.
C'est pourtant James qui est choisi pour exécuter une mission cruciale : on l'envoie effectuer une récupération sur la plateforme Nutris, juste avant l'explosion qui va ravager la Terre. James sait qu'il a peu de chance de réussir, mais s'il y parvient, il obtiendra une confortable retraite et pourra passer son temps à se saouler, seul, en ruminant le passé, son loisir préféré.
James accepte, mais sa rencontre avec Elise, une biologiste de génie qu'il sait condamnée, va changer la donne. Incapable de la laisser derrière lui, il brise la première et plus importante des Lois temporelles en ramenant la jeune femme dans son présent.
Désormais fugitifs, James et Elise vont trouver refuge auprès d'une tribu de sauvages, dans les ruines de ce qui fut Boston. C'est là-bas qu'Elise fait une découverte incroyable : la terre n'est peut-être pas condamnée. Elle échafaude un plan pour la sauver, mais pour cela, elle va avoir besoin que James brise un peu plus les fameuses Lois temporelles, risquant à chaque fois de les faire repérer par les intraitables Contrôleurs du temps...
Bien, on peut dire que le résumé éditeur est plus que complet, je ne vous ferai pas l'affront de vous en remettre une couche. Il me reste donc à vous donner mes impressions sur le roman et le style de Wesley Chu.
Déjà, sachez que ça se lit vraiment tout seul et très bien. J'ai tout de suite été happée par l'intrigue. On suit les aventures et déboires, à travers le temps, de James un Chronman (voyager du temps) avec beaucoup d'intérêt. James a tout de l'antihéros. Il fait son boulot sans se poser de question et subit son monde, cet univers cauchemardesque dans lequel l'humanité s'est perdue en cours route et survie (mal). Alcoolique notoire, seul l'oubli des spiritueux lui permet de continuer à avancer. Pourtant, sa rencontre avec Élise Kim, une éminente biologiste du passé, va secouer sa misérable petite vie. Élise, malgré ses appréhensions, est prête à tout pour tenter de sauver l'humanité et pour cela il ne lui reste qu'une seule chose à faire : guérir la Terre du virus qui l'empoisonne coûte que coûte !
C'est un personnage que j'ai adoré, parce qu'elle n'est pas parfaite, mais malgré tout, elle ne se laisse pas apitoyer sur elle-même et veut vraiment faire quelque chose. Sa relation avec James est ambiguë. Il y a une attirance mutuelle, malgré tout, les ennuis que sa venue dans le futur suscite, ne leur permettent pas de véritablement s'y pencher plus en amont. Et de toute façon, ce n'est pas les propos du roman.
De fait, j'ai aimé également suivre cette partie de chasse à l'homme ; de cette course il va vite comprendre que quelque chose ne va pas. Et finalement, l 'histoire devient bien plus complexe avec des tenants et des aboutissants qui dépassent même Élise et James. poursuite entre nos fugitifs et les supérieurs de James. En allant à l'encontre même d'une des règles fondamentales de la Loi du Temps, James s'est mis hors la loi. Sauf qu'en grattant un peu le vernis de la société dans laquelle il bosse,
Wesley Chu nous dépeint un univers futuriste effrayant, dans lequel la mer n'est plus qu'un liquide toxique, l'air n'est pas mieux et pour survivre l'humanité n'a d'autre choix que d'anesthésier son corps avec des herbes toxiques.
Lorsque j'ai commencé ma lecture, étant du point de vue de James, je ne voyais pas forcément tous les à-côtés... Puis quand Élise arrive dans ce futur nauséabond, on se le prend de plein fouet. L'humanité était en passe de guérir la planète et une troisième guerre mondiale a tout annihilé et la vie sur Terre est devenue plus qu'un cauchemar. Si le point de vue pessimiste de l'auteur m'a donné des frissons d'appréhension, on ne peut s'empêcher de se dire que si, ça pourrait bien arriver si on n'ouvre pas rapidement les yeux. Cependant, en voyant la société telle que James la connait et dans laquelle il vit, on se dit que l'humanité ne retiendra jamais de ses erreurs et que finalement l'appât de l'argent et du pouvoir resteront invariablement les grands gagnants.
Vous l'avez compris, je crois, j'ai aimé ce roman, l'ambiance sombre avec un héros désabusé qui n'attend plus rien du tout de personne. Élise est un peu la lumière d'espoir qu'il attendait ainsi que pour un petit groupe d'humains, survivants (revenus à l'état sauvage) dans les rues de Boston, . Et puis, ils ont également l'aide de Grace Priestly, celle que tous appellent, . Un génie qui n'a pas sa langue dans sa poche.
Bref, ce premier tome m'a plus qu'emballée ! J'ai vraiment aimé cet univers même s'il est sombre et semble sans espoir. Les protagonistes, eux : James, Elise et Grace, sont des personnages forts et tellement différents qu'ils nous permettent d'appréhender ce monde avec trois points de vue diamétralement opposés : le pessimisme et le laisser-aller de James, l'espérance et la candeur d'Élise face au pragmatisme presque glacial de Grace.
J'ai vraiment hâte de lire la suite !