Titre original : Midnight Mass
Rating:
Origine : États-Unis
Créateur : Mike Flanagan
Réalisateur : Mike Flanagan
Distribution : Kate Siegel, Zach Gilford, Hamish Liklater, Samantha Sloyan, Igby Rigney, Rahul Kohli, Annabeth Gish, Michael Trucco, Henry Thomas...
Genre : Fantastique/Horreur/Drame
Diffusion en France : Netflix
Nombre d'épisodes : 7
Le Pitch :
Riley Flynn retourne chez ses parents, sur Crooked Island, après avoir passé quatre ans en prison à la suite d'un accident ayant coûté la vie d'une jeune fille. Son arrivée coïncide avec celle de Paul Hill, le nouveau prêtre. Un homme charismatique qui semble capable d'accomplir des miracles...
La Critique de Midnight Mass :
Décidément à son aise sur Netflix, où il a déjà signé Jessie, l'adaptation du roman éponyme de Stephen King mais aussi et surtout les deux anthologies The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan aborde avec Midnight Mass un nouveau genre d'épouvante, sans pour autant se départir de sa patte désormais reconnaissable...
Aucun homme est une île
Flanagan délaisse donc les maisons hantées. Avec Midnight Mass, ou Sermons de minuit en français, le réalisateur entend nous immerger dans le quotidien morose d'une communauté un peu oubliée car située sur une île, loin d'un monde sans lequel les habitants ont appris à composer. Un endroit touché de plein fouet par la crise économique, où les autochtones, un peu livrés à eux-mêmes, se complaisent dans une résignation croissante ou se réfugient dans la religion. Et c'est d'ailleurs de cela dont il s'agit ici : de religion et du rapport à Dieu de ces âmes isolées qui pour la plupart, se sont depuis longtemps abandonnées à une vénération qu'entend bien canaliser le nouveau prêtre qui fait son arrivée dans le premier épisode.
Confessions
Difficile de savoir où veut en venir Mike Flanagan quand on regarde le premier épisode. Les réflexions, sur la rédemption, la solitude, la foi et l'espoir se dessinent mais la dimension fantastique reste floue. Et c'est d'ailleurs ce qui fascine de prime abord. Remarquablement écrite, cette entrée en matière s'arrange ainsi pour poser beaucoup de questions, en prenant son temps, tout en nous faisant sentir que quelque chose de plus sombre et de plus brutal couve. Alors que The Haunting of Hill House et Bly Manor annonçaient pour ainsi dire la couleur dès le début, avec leurs inquiétantes bâtisses et leurs fantômes, dévoilant petit à petit leurs cartes, Midnight Mass se montre un peu plus brumeux.
Avec tout le talent qui le caractérise, Flanagan déroule donc doucement son intrigue, dédiant en premier lieu son temps à décrire la vie sur cette île isolée, exploitant remarquablement les recoins de ce petit bout de terre oubliée et construisant pierre par pierre les fondations d'un récit que l'on imagine (à raison) tortueux et plein de surprises.
Prières nocturnes
Interrogeant sans cesse, avec une grande justesse, beaucoup de recul et une intelligence rare notre rapport à la foi et à Dieu, La mini-série sait aussi ménager ses effets au fil de scènes de plus en plus effrayantes. Le fait qu'il soit au début plutôt difficile de relier entre eux tous les points participe également à la tension croissante qui s'installe progressivement. Jouant avec les codes du cinéma d'horreur, décidément très doué pour poser un décor et donner de la substance à des personnages passionnants car réalistes et complexes, Flanagan organise ainsi l'irruption du fantastique et de l'horreur dans le quotidien d'un groupe de personnes en quête d'espoir.
Comme bloqués sur cette île dont les bâtiments semblent tous en voie de décomposition, les protagonistes habitent un récit construit autour de la notion de rédemption, questionnant le sens des croyances et leur finalité. Il est bien sûr aussi question de fanatisme. Notamment à travers le personnage de Bev Keane, campé par l'incroyablement intense Samantha Sloyan, qui n'est pas sans rappeler la mère de Carrie dans le livre de Stephen King. Et King justement, comme toujours avec Flanagan, n'est pas loin non plus.
Dans l'ombre du roi
Difficile de parler des filiations qu'entretient Midnight Mass avec l'univers de Stephen King sans spoiler, mais disons que s'il ne s'agit pas d'une adaptation littérale, l'histoire, son déroulement et même son dénouement, ainsi que les personnages et leurs failles, semblent tout droit sortis de l'imagination de l'écrivain. Son originalité, Flanagan la trouve néanmoins dans sa faculté à développer, parfois longuement, sans avoir peur d'aérer son récit avec de vastes plages de dialogue, ses thématiques. Des dialogues souvent passionnants car remarquablement rythmés, qui favorisent également l'émergence d'une émotion amenée à atteindre son point culminant à la fin, au cours d'un septième et ultime épisode en tous points admirable.
Portée par des acteurs talentueux et parfaitement dirigés, avec notamment Kate Siegel, Rahul Kohli et Henry Thomas, vu dans les Haunting of ..., ou encore Hamish Linklater et Zach Gilford, aussi flippante que déchirante par moment, caractérisée par son refus du sensationnalisme facile et des effets éculés, Midnight Mass est une réussite admirable. Une fresque très sombre, qui s'approprie l'une des figures les plus mythiques du cinéma d'épouvante, sans renier ses fondements ni s'interdire de faire preuve d'audace. Sans oublier la très maligne dimension politique qui achève d'ancrer le scénario dans notre époque.
Il convient aussi de saluer la mise en scène, précise, pleine d'ampleur et ambitieuse, qui finit de rendre cette mini-série étonnante et prenante. Certains plans, d'un beauté pénétrante, faisant superbement écho aux passionnantes inflexions d'une histoire brillant non seulement par sa nuance mais aussi et surtout par sa puissance évocatrice.
En Bref...Nouveau coup de maître pour Mike Flanagan qui, avec Midnight Mass nous livre une passionnante réflexion sur la mort, la résilience, la rédemption et la foi sans se priver de nous faire frissonner et pleurer dans un même élan. Midnight Mass qui est de plus, visuellement absolument magnifique.@ Gilles RollandPar Gilles Rolland le 28 septembre 2021
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