Magazine Société

Cameroun – Foumban : Le peuple Bamoun pleure son guide

Publié le 28 septembre 2021 par Tonton @supprimez
Cameroun – Foumban : Le peuple Bamoun pleure son guide

Les populations en masse, ont convergé vers le palais Bamoun afin de s'enquérir de la situation dès l'annonce du décès du sultan Ibrahim Mbombo Njoya à l'hôpital américain de Paris, de suite de maladies hier.

Dans la ville de Foumban, les populations vaquent à leurs occupations. Au marché central de la ville, situé à l'entrée principale du palais, dans les boutiques et sur les étals, les commerçants sont en activité. Les personnes de la ville de Foumban, interrogées au sujet du décès de leur roi disent être informées et précisent qu'elles sont tenues de garder le silence jusqu'à l'annonce officielle par les notables. Une foule nombreuse a pris d'assaut l'entrée du palais royal à Foumban. Ils viennent confirmer la nouvelle selon laquelle leur roi est décédé. Ils se heurtent à un cordon sécuritaire. Les portes, les issues intérieures et extérieures du palais Bamoun, situé au cœur de la ville de Foumban portent les scellés. Cette procédure administrative diligentée par le préfet du Noun, intervient après la " rumeur " annonçant le décès du " Mfon des Bamoun ". Les éléments chargés de la garde du palais en chasubles, tentent tant bien que mal d'orienter la foule pour éviter des debordements.

Sur le visage des hommes, femmes, jeunes et moins jeunes qui ont envahi le palais dès l'annonce de cette nouvelle, se lisent tristesse, consternation et émoi. Assis à même le sol ou debout en petits groupes, certains retiennent leurs larmes en attendant l'annonce officielle car, le doute plane. Selon les déclarations de Njitapon Kpoumié Issah, chef du groupement Ngouenjitapon dans l'arrondissement de Kouoptamo, en de telles circonstances, seul le premier notable de la cour royale est habilité à annoncer le repos du " Mfon Pa Mom ". Il indique aussi que l'annonce sera suivie d'un rite de purification selon les us et coutumes de la localité.

Le préfet du Noun accompagné de son état-major quitte le palais après avoir posé les scellés sur toutes les portes et les entrées des palais A et B et de certains bureaux aux environs de 15h 30. Son départ a ainsi été l'occasion pour les populations meurtries d'accéder à la cour d'apparat du palais. Bien avant, le grand portail resté fermé sur le regard impuissant des populations. À l'intérieur, les forces de maintien de l'ordre veillent au grain. Dans la cour d'apparat, les notabilités coutumières s'activent à réunir tous les éléments traditionnels prévus pour la circonstance pouvant leur permettre d'annoncer la disparition du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun.

Cette annonce sera suivie de certaines activités traditionnelles dont le but est de vaincre le mauvais esprit qui pourrait s'abattre sur la population après la disparition de leur chef selon les informations glanées de part et d'autres. " C'est réel. En attendant l'annonce officielle. Les Bamoun pleurent un guide. Un rassembleur. Un chef attaché à son peuple. Un baobab qui a tout donné à son peuple. Un courageux qui savait se mettre au service de son prochain même avec des blessures. Le Cameroun perd une bibliothèque ", témoigne Njitapon Kpoumié Issah.

Déjà dans le noir depuis deux jours suite à une coupure d'électricité dans la ville de Foumban, le soleil vient aussi de s'obscurcir dans le royaume Bamoun avec la disparition de son guide. Ancien ministre, membre du bureau politique et président de la délégation permanente régionale de l'Ouest du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), sénateur (déjà à son 2ème mandat), le sultan Ibrahim Mbombo Njoya est décédé hier 27 septembre à l'hôpital américain de Paris des suites de maladie. Il meurt au moment où il s'apprêtait à livrer sa copie au comité central dès la fin du renouvellement des organes de base au sein de son parti dans la région de l'Ouest. Les populations de la rive gauche du Noun, objet d'un conflit communautaire attendaient de lui une solution définitive à ce problème d'occupation de sols entre les Bamoun et les Bamiléké qui y vivent depuis de nombreuses décennies. Malgré la douleur que porte le peuple Bamoun depuis cette disparition de leur guide, il reste cependant confiant quant à l'avenir de ce royaume. Il s'apprête d'ailleurs à lui rendre un vibrant hommage en ayant à l'esprit que " le roi est mort mais vive le roi ".

Aurélien Kanouo


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tonton Voir son profil
Voir son blog

Magazine