Certains parents préfèrent apprêter le gouter de leurs enfants tandis que d'autres optent pour les cantines dans les écoles. L'objectif est d'éviter de mettre leur progéniture en contact avec les pièces ou billets de monnaie.
Il est 12 heures dans la ville de Yaoundé, le 23 septembre 2021. Dans certains établissements, à l'instar de l'école Canne et Coussinet au quartier Essos, l'administration a mis à la disposition des enfants, des cantines pour leur restauration. A l'enceinte de l'établissement, aucun commerçant n'est admis. Les repas se prennent à la cantine de l'école à cette heure. C'est la pause. " C'est un service facultatif. Tous les parents n'adhèrent pas à cette nouvelle tendance. A midi, on ne s'occupe que des enfants dont les parents donnent une modique somme de 5500 Fcfa par mois pour l'inscription ", confie Sabine Blanche Biloa, directrice adjointe chargée du cycle maternel de Canne et Coussinet. Pour éviter toutes tracasseries, certains parents trouvent leur compte dans les cantines d'école. " Je n'ai vraiment pas le temps de lui faire à manger tous les matins. J'ai beau essayer mais, le temps ne joue pas en ma faveur. Je suis une cadre dans une entreprise. Je dois être au boulot à 8 heures ", explique Alice, parent. Cette option leur évite non seulement d'apprêter le goûter mais aussi de ne pas leur donner de l'argent des beignets.
De nombreuses méthodes sont mises à la disposition des parents pour que les enfants du primaire soient de moins en moins en contact avec " l'argent des beignets ". Pour ces parents, le fait de donner de l'argent à un enfant régulièrement peut l'égarer. " Je suis contre le fait de donner de l'argent de poche à un enfant de l'école primaire. Si j'habitue ma fille avec de l'argent, elle pourrait être tentée de prendre ce qu'elle trouvera à la maison en cas de manque ", indique Maguy Hopmal Ikoumba, parent. Certains parents d'élèves se donnent du temps pour apprêter le goûter de leurs enfants. Maguy Hopmal en fait partie. Elle prépare tous les matins le petit déjeuner à Schekina, sa fille, et le met dans son cartable. C'est aussi le cas de Claudine Bella. La mère de famille se lève tôt pour concocter le petit déjeuner à ses filles et remplir leurs gamelles pour la journée. " Elles sont respectivement à Class 4 et Class 6. Je ne voudrais pas qu'elles soient en contact avec de l'argent jusqu'à leur entrée au secondaire. C'est pourquoi je m'assure chaque matin qu'elles ont de quoi manger durant la journée à l'école ". Pour la jeune femme, l'argent peut avoir une mauvaise influence sur l'enfant. " Il est préférable d'attendre qu'il atteigne une certaine maturité pour établir le contact avec l'argent. Il faut au préalable lui donner des conseils sur la gestion ", fait-elle savoir.
Sous d'autres cieux, donner de l'argent des beignets aux tout-petits est un acquis. Cette action consolide la relation parent-enfant et contribue à leur autonomisation. Pour ces derniers, il n'y a rien qui prouve qu'un enfant qui reçoit l'argent chaque semaine ou chaque mois soit épanoui. Tout dépend de la conception de leur autonomie, du système de valeur personnel, des convictions et des moyens financiers. Certains parents préfèrent ne jamais offrir un montant fixe. Ils donneront quelques pièces de monnaie voire un billet de temps à autre lors des occasions spéciales ou en guise de récompense. Pour Essomba Etoundi, parent, l'argent des beignets pour les enfants du primaire devrait dépendre de leur classe, de leur âge, mais aussi des conditions de vie. " Donner de l'argent aux enfants ne saurait être à priori bon ou mauvais. On ne peut donc être pour ou contre à priori. Il faudrait interroger certains éléments en vue de comprendre les motivations des parents. En résumé, c'est une question d'éducation parentale ", explique-t-il. Pour le jeune parent, on peut remettre à un enfant de 9 ans de l'argent des beignets parce qu'on veut lui apprendre à gérer rationnellement ses ressources financières. A l'inverse, celui de 5 ans n'aura pas d'argent de poche pour des raisons évidentes. " Ma fille a tout son nécessaire. Son goûter complet est toujours dans son sac. Elle n'a donc pas besoin d'argent de poche comme ses ainés de 9 ans. Et elle a un traitement plus favorable. Je veille toujours à l'accompagner moi-même à l'école. Ce moment est très précieux. Il permet de rassurer l'enfant et de tisser une complicité en sa compagnie ", ajoute-t-il.