Il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’espoir d’expliquer l’Allemagne et encore plus de faire aimer l’Allemagne, les Allemands et l’allemand à nous français.
Cela commence par la langue, la langue de Goethe comme on dit. Évidemment, plus personne en France n’a lu un vers, une ligne de ce poète qui est à la culture allemande ce que Shakespeare est à l’anglais ou Racine+Corneille+Chateaubriand sont au français.
Ah ! Oui, peut-être pour certains : Wer reitet so spät durch Nacht und Wind …. Etc, etc… le début du « Roi des Aulnes », sur lequel beaucoup de lycéens français ont souffert, en maudissant des parents qui voulaient qu’ils fassent « allemand seconde langue », parce que ça permettait d’être dans les meilleures classes.
Et puis, l’allemand serait une langue rauque. Alors qu’elle avait été pendant des siècles la langue des opéras, de la musique, de la musique classique.
Sa structure, sa logique même, nous sont très étrangères. Cette manière de construire les phrases, les mots à l’envers… De dire un et vingt, au lieu de vingt et un … Ou d’accoler des racines de mots pour former de nouveaux mots à rallonge.
Comme ce mot le plus long, qui concerne la loi sur l’étiquetage de la viande bovine : “Rindfleischetikettierungsueberwachungsaufgabenuebertragungsgesetz”, qui d’ailleurs a été supprimé, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures.
La langue et la culture allemandes ne sont que des exemples d’une ignorance beaucoup plus crasse : L’Allemagne est notre premier partenaire, jamais nos deux pays n’ont été autant liés, et pourtant…Jamais les allemands ne nous ont été aussi inconnus.
Pas de haine, pire : pas d‘amour, ni d’intérêt.
Ce n’est pas vrai dans l’autre sens.
Même si les allemands ont tendance à nous folkloriser, style béret basque et baguette sous le bras, beaucoup aiment notre pays, notre langue, notre mode de vie. Dans les affaires, ils admirent notre sens de l’improvisation, à défaut d’avoir comme eux le sens de la concertation et de l’organisation.
Et ils sont souvent consternés lorsque sans crier gare on leur renvoie à la figure Hitler et les nazis.
Les allemands aujourd’hui sont, dans leur immense majorité, très au courant et très conscients de ce qu’a été la faute de leur pays qui a commis sous Hitler les pires crimes que notre continent ait pu produire.
Ils sont très conscients du danger du populisme, des dérives du nationalisme, de la fragilité de la démocratie.
C’est pour cela que les extrêmes n’y font pas de vieux os.
On verra ce qui sortira des urnes, mais apparemment la poussée de l’extrême-droite a fait long feu. Dépassera-t-elle 10 % ? Quand on compare avec les scores du RN et autres chez nous, nous n’avons pas de leçon de démocratie à donner aux allemands.
C’est même le contraire.
Mais pour cela il faudrait que nos confrères et nos hommes politiques qui vont se répandre pour commenter les élections allemandes, prennent le temps de connaître l’Allemagne et de ne pas ressortir les mêmes clichés : Bismarck, Hitler, une Europe sous domination allemande…
Par exemple en apprenant le poème de l’enfance de Peter Handke : « Als das Kind Kind wahr, wusste es nicht, das es Kind war. ».
Où il est question d’innocence, de l’innocence de l’enfance que l’on perd en grandissant.
le Blogodo sur http://pierrethivolet.fr/lallemagne-cette-inconnue