Lever l'encre Voyages et tatouages, la chronique tatouée

Publié le 25 septembre 2021 par 7bd @7BD

Lever l'encre Voyages et tatouages, une BD sur un homme en voyage aux pays des tatouages


Titre : Lever l'encre Voyages et tatouages
Auteur : Cookie Kalkair (scénario et dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Encrages
Année : 2021
Page : 128

Résumé d'une histoire marquée à même la peau:

2013, San Francisco, Cookie Kalkair découvre une citation taggée sur un mur. Une phrase qui l'interpelle "Where we are going, we don't need roads". Ça va le travailler jusqu'à ce qu'il en trouve l'origine. Et tout cela va aboutir à un tatouage...

Scénario d'un récit de voyage :

Cette première anecdote va s'enchaîner avec quelques autres, se déroulant chacune dans un pays différent, et amenant Cookie et sa compagne à partir vers un nouveau tatouage. Mais il ne s'agit pas uniquement de raconter des anecdotes de tatoo-voyage. L'auteur qui se met en scène se penche aussi sur les différentes raisons qui l'amènent à se faire à nouveau tatouer. Ces voyages ne sont pas chronologiques, on se déplace dans le temps au gré des souvenirs de Cookie Kalkair.
Ce récit devient également une source de partage sur l'histoire, les différents styles, la culture du tatouage. On apprend énormément, en même temps que l'on comprend le mode de pensée, l'approche qu'a Cookie Kalkair de cet art particulier.
Chaque souvenir démarre par des coordonnées et un dessin indice de ce qui vous attend, et se termine par un mélange de photo et de dessin, comme les traces d'un carnet de voyage.
Entre deux, l'auteur, seul ou avec sa compagne, traverse certains moments de vie, tout comme certains pays, et en découvre les particularités par rapport au tatouage. Et le corps de Kookie Kalkair se construit comme une plage de souvenirs à l'encre de différents lieux, moments, situations... C'est aussi l'occasion de rencontrer des tatoueurs et tatoueuses du monde entier, ainsi que des tatoués et des tatouées, qui partagent leur points de vue.
Un récit très intrigant pour qui n'a jamais franchi le cap du premier tattoo, comme moi, mais aussi très enrichissant car on comprend mieux les raisons (et il peut y en avoir toute une tripotée) qui poussent une personne à se faire tatouer.

Le dessin en trois couleurs :

Cookie Kalkair opte pour un dessin particulier. Les personnages stylisés, parfois avec des expressions rappelant le manga, les yeux explosés, ou dilatés par l'émotion forte. Mais surtout un trait très crayonné, fondé sur un mélange de trait fin pour les contours et des hachures ou des traits multiples pour les barbes, les ombres, ou même les couleurs de certains vêtements. S'en dégage une impression de rapidité, de nervosité, qui contraste avec l'aspect posé de la couverture.
Mais ce que la couverture rend parfaitement, c'est le mélange des trois couleurs, le rouge, le vert et en minorité le blanc. L'auteur a fait un choix radical, le fond rouge pour la page, dans et hors les cases.
S'ensuit les traits et le dessin, oscillant selon les sujets entre le semi-réaliste et la stylisation, puis s'ajoutent alors les couleurs. Plutôt les deux couleurs ! Frottées, étalées, tracées, elles donnent une vie, un impact supplémentaire au dessin. Le vert intervient autant pour les vêtements, les cheveux, l'encre de certains tatouages, les sigles d'émotions (nuage de colère, étoiles de joie), les bruits, mais aussi parfois surgit par petits traits, comme un marquage oublié là, ajoutant un relief, un volume, une présence.
Et à ce vert anarchique, libéré, s'accole quelques rehauts de blanc, parfois adoucis par son "mélange" avec le rouge de fond. Comme si il ne s'agissait pas de mettre des aplats mais de créer un autre blanc, encore, selon qu'il se marie au rouge ou au vert, ou aux deux.
Ce désordre apparent fonctionne très bien à la lecture. Il devient partie prenante de l'histoire, où le marquage, la réalisation des tatouages sur le corps tient une grande place (on y découvre également les différents outils permettant le tatouage selon les cultures et les approches).
D'ailleurs, maintenant, je n'arrive même pas à imaginer comment cette BD pourrait être autrement.

Conclusion d'une BD qui nous en apprend sur la tatouage et sur son auteur :

Cette BD n'est pas seulement un voyage introspectif de Cookie Kalkair, mais une immersion dans la pensée, le monde du tatouage. Ou quand la peau devient un carnet de voyage et la mémoire d'une vie.

Zéda croise Cookie Kalkair.

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