D’ailleurs, dès les premières lignes, Alice Zeniter installe un dialogue avec ses lecteurs en livrant une sorte de « one-woman-show » où la « professeure » s’adresse à son auditoire, tentant de démontrer l’impact important du récit depuis la nuit des temps. D’ailleurs, dès le début, on s’est fait berner avec ces peintures rupestres montrant l’homme des cavernes chassant le mammouth l’arme au poing alors que le gros fainéant passait 80% de son temps à cueillir des airelles. L’auteure s’amuse également à démontrer que la littérature a toujours été une affaire d’hommes avec des histoires les mettant en avant, de préférence lors d’actions conquérantes, tandis que la femme devait souvent se contenter d’un rôle secondaire d’adjuvant au cœur d’un décor masculin, à l’image de la Schtroumpfette ou des James Bond girls.
Intelligent, érudit et particulièrement didactique, « Je suis une femme sans histoire » se veut surtout extrêmement accessible grâce à une vulgarisation extrême des principes de la narratologie et de la sémiotique. En agrémentant ses propos d’exemples très visuels, elle parvient à livrer un récit non seulement pédagogique, mais également très drôle qui ne manquera pas de faire sourire les lecteurs.
S’il est bien de lire, cet échange complice avec Alice Zeniter vous permettra de mieux comprendre les rouages de la narration, expliquant notamment pourquoi l’on parvient à pleurer la mort d’un personnage fictif alors que l’on parvient à regarder le journal télévisé sans utiliser le moindre mouchoir…
Je suis une fille sans histoire, Alice Zeniter, L’Arche, 112 p., 12€
Ils étaient également dans l’auditoire d’Alice Zeniter: Stelphique, Bénédicte, Geneviève, Alexandra, AlterVorace, Lire au lit, La viduité, DiaCritik, Les festins de Pierre
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