on est allé jusqu’à ne plus savoir
comment
plus loin
un mur
indéfiniment
un jour
on ira
plus loin
d’ici là
le temps
comme pauvre
et la force prise dans l’attente
tendue
sans bouger
on reste
en face
à la longue
ça devrait
déplacer
le pays
ou bien
jusqu’à ne plus tenir
n’être plus tenu
un matin il y aura
une mémoire d’eau
une vaste pluie devant
rien d’autre
on viendra au jour
avec seulement
dedans
le temps ou l’air
on sera devenu
assez léger
pour passer
***
Antoine Emaz (1955-2019) – Caisse claire, Poèmes 1990-1997 (Points, 2007)