Greenpeace poursuit un cargo transportant des substances dangereuses dans les bouches de Bonifacio

Publié le 31 juillet 2008 par Greenpeacefrance


Bonifacio, le 31 juillet - Après avoir posé une banderole hier sur la citadelle de Bonifacio, aujourd’hui, vers 11 heures, des activistes de Greenpeace à bord de zodiacs ont déployé une banderole “Stop cargos dangereux” le long du Hyundai Supreme. Ce cargo transitait dans les bouches de Bonifacio en transportant environ 560 tonnes de substances dangereuses de catégorie 8 et 9, degrés de dangerosité les plus élevés de la classification établie par l’OMI (Organisation Maritime Internationale). Le navire battant pavillon panaméen avait préalablement déclaré sa cargaison aux sémaphores de Pertusato et de la Madallena, les autorités françaises et italiennes en charge de la surveillance du trafic maritime, au moment d’entrer par l’ouest dans le détroit des Bouches de Bonifacio.

Depuis trois jours, l’Arctic Sunrise, l’un des trois navires de Greenpeace, était présent dans les Bouches de Bonifacio pour demander l’interdiction du passage de tous les cargos dangereux dans ce détroit international. Dès que le Hyundai Supreme a déclaré par radio sa cargaison aux autorités maritimes, les activistes de Greenpeace lui ont demandé de confirmer qu’il transportait bien des matières dangereuses. Face au refus du navire, l’équipage de l’Arctic Sunrise a mis à l’eau deux zodiacs et fait décoller son hélicoptère pour aller à la rencontre du porte-conteneur transportant des cargaisons dangereuses. Les activistes ont alors déployé les banderoles le long du Hyundai Supreme et l’ont escorté jusqu’à la sortie du détroit.
Le navire contenait des substances dangereuses pour l’environnement, dont certaines classés 8 (produits ammoniaqués) et 9 (dérivés d’éthanol), degrés de dangerosité les plus élevés dans la classification internationale en vigueur pour les matières transitant par mer.

Dans les Bouches de Bonifacio, situées entre la Corse et la Sardaigne, 3 000 navires transitent chaque année dont 300 transportant des cargaisons dangereuses. Face au risque d’accident, les gouvernements français et italien ont décidé dès 1993 d’entamer un processus de protection du site, notamment en interdisant le passage des navires transportant des cargaisons dangereuses battant pavillon français et italien. Greenpeace demande que cette interdiction soit étendue à l’ensemble des cargos dangereux quelque soit leur pavillon.

« La question n’est pas de savoir s’il existe un risque de accident mais quand il se produira, déclare Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans. Les autorités doivent dès maintenant agir pour protéger ce site exceptionnel menacé par le trafic maritime. Un naufrage dans les Bouches de Bonifacio conduirait à une véritable catastrophe écologique pour la Méditerranée mais aussi pour l’économie locale qui dépend majoritairement du tourisme. Ce risque est d’autant plus grand que des navires battant pavillon français et italien continuent de transiter dans ce détroit malgré l’interdiction prise par leur gouvernement ».

Les gouvernements français et italien doivent présenter à l’OMI (Organisation maritime internationale), seule autorisée à réguler le trafic maritime dans les détroits internationaux, une proposition afin que soit créée une PSSA (Particulartly Sensitive Sea Area) dans les bouches de Bonifacio, l’outil indispensable pour mettre en place des mesures qui permettraient une protection effective de la zone en terme de de la navigation.
Cette interdiction généralisée doit intervenir comme préalable à la création du parc marin transnational corso sarde, dont le processus est en panne depuis une dizaine d’année. « Jean-Louis Borloo, le ministre français de l’environnement doit se saisir de ce dossier fondamental pour la protection de la Méditerranée », ajoute Stéphan Beaucher.