Portant le nom de l'hôte qui reçoit l'événement, cette deuxième exposition chez un particulier se tient dans une charmante maison du quartier Marracq à Bayonne qui abrite notamment un atelier d'artiste, celui du propriétaire. Ce dernier cède les murs de son habitat le temps d'une fin de semaine.
Blandine Galtier , Fabien Barrero-Carsenat, Juliette June,Thomas Loyatho
Les quatre artistes de l'exposition ont un point commun, celui de considérer le réel comme la matière première de leur recherche plastique. En plus de le vivre, ils en sont des observateurs. En acteurs et témoins, ils pointent leur regard sur un champ bien circonscrit, l'analysant formellement mais également du point de vue des sens et des émotions ressentis dans l'instant. Leur métier consiste à traduire, via un médium - sculpture, gravure, peinture, dessin, le fruit de cette étude.
Nous pouvons nous étonner de voir que la restitution frôle parfois avec l'abstraction et que malgré tout celle-ci parvient à en dire plus sur le réel que le réel lui-même. En effet, il renferme un ressenti non visible d'ordinaire, mais contenu à l'intérieur de chacun d'entre nous.
Fabien porte son œil de designer sur les ponts et viaducs. Il les déconstruit, les combine, les réduit et propose des pièces à la frontière entre sculpture et objet de design utilitaire - presse-papier, serre-livre, bougeoir.
En architecte qu'elle a été, Blandine grave à présent pour nous donner à voir l'anthropisation de nos paysages. Par un jeu de lignes qui s'enchevêtrent, nous prenons la mesure de l'étendue de nos chantiers à tout-va. Par la densité de ces monoprints, elle révèle une problématique sociale.
Thomas applique la peinture comme les couches d'un songe que l'on a du mal à restituer. Notre mémoire est partielle, le fil de l'histoire n'est pas net. Et pourtant, il s'agit bien du bananier visible de la fenêtre de son atelier.
Un papier de 10 x 15 cm et une salle de bain ont suffi à Juliette pour explorer ce temps suspendu du bain. Sensations sur la peau nue, reflet du paysage dans l'eau contenue par la baignoire, les rayons teintés de la lumière et l'air s'épaissit d'un temps passé en ce lieu.
Exposer des artistes au sein d'une maison, c'est considérer une structure scénique existante, un défi qui me séduit : imaginer une sélection de plasticiens et d'œuvres selon un lieu déjà chargé d'une âme. L'accrochage est pensé pour donner la sensation que les créations exposées ont toujours été sur ces murs, tables ou étagères.
Entre le salon, la salle à manger, les chambres, le jardin d'hiver et le studio, le visiteur fait face aux œuvres de quatre artistes ; deux travaillant sur la côte Basque et deux venant de Bordeaux et Castels (un petit village de Dordogne). Ces plasticiens ont été choisis pour leur manière singulière de se saisir du réel afin de révéler formes, sensations ou enjeu sociétal. Jouant parfois avec la limite de l'abstraction, ils parviennent paradoxalement à faire dire au réel bien plus que le réel lui-même.