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- Horloge -
Le 18 septembre 1962, Michel Siffre ressort très affaibli après 60 jours passés dans le glacier souterrain « Scarasson ». Sauf que le spéléologue pense être le 20 août ! C’est la fin de la première grande expérience scientifique hors du temps. Michel Siffre s’est en effet volontairement confiné sans aucun repère temporel : pas de montre ni de radio, pas de lumière naturelle, pas de bruit lié aux activités, et des conditions climatiques constantes : 3 °C et 98 % d’hygrométrie (brr !). Il communique par téléphone à une équipe de surface les moments de ses repas, endormissements et réveils. Après cette première expérience, Siffre réitère le défi deux fois, avec un encadrement scientifique poussé : 205 jours dans une grotte au Texas financé par la NASA, et deux mois et demi pour le passage de l’an 2000 à l’âge de soixante ans !
Bien que les repères soient perdus très rapidement, certaines siestes estimées à deux heures étant en réalité des nuits complètes ; le rythme physiologique circadien (c’est-à-dire journalier) fut maintenu sur des cycles de 24,5 heures environ. Cette véritable horloge interne est liée à l’activité spontanée de neurones du noyau suprachiasmatique (au niveau de l’hypothalamus). En temps normal ces neurones voient leur activité synchronisée avec la durée du jour grâce à la voie rétino-hypothalamique, et lorsqu’ils sont actifs ils inhibent la libération de mélatonine par la glande pinéale. Bien que cette glande soit située à proximité immédiate de l’hypothalamus, l’influx nerveux passe par la moelle épinière et les ganglions cervicaux supérieurs en dehors de l’encéphale… Cette voie, indirecte, sous-optimale, correspond à un héritage évolutif, et démontre bien l’absurdité d’une hypothèse créationniste « intelligente ». Une fois libérée dans le sang, la mélatonine régule différents aspects de la physiologie en lien avec les cycles de veille/sommeil. D’autres hormones telles que le cortisol, produit essentiellement le matin, sont également impliquées dans ces rythmes circadiens.
Ces expériences hors du temps à la base de la chronobiologie, furent complétées par des travaux à l’échelle moléculaire, réalisés par trois scientifiques américains : Hall, Rosbash et Young et couronnées par un prix Nobel de médecine en 2017. Aujourd’hui, les applications de ces travaux sont nombreuses en particulier pour corriger les troubles du sommeil liés à la lumière des écrans, aux fluctuations saisonnières, ou encore aux décalages horaires. Pour en savoir plus :
Michel Siffre, 1963. Hors du temps. L'expérience du 16 juillet 1962 au fond du gouffre de Scarasson par celui qui l'a vécue, Ed.Julliard. 332p. Bibliographie complète du livre
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