« La pandémie a mis un coup d’arrêt temporaire à la recrudescence des mouvements sociaux dans les pays émergents. Mais les effets socio-économiques dévastateurs de la crise sanitaire ont porté le risque social et politique à un niveau historique. Ces pressions devraient faire émerger une nouvelle vague de contestation sociale avec des répercussions économiques significatives sur les pays touchés. L’incertitude liée à l’instabilité politique, la baisse de la confiance des agents économiques, la chute de l’activité industrielle et des services côté offre, ainsi que celle de la consommation côté demande, devraient peser sur l’activité. Leur commerce extérieur, et en particulier leurs exportations, devaient être des victimes collatérales.Nous estimons que sur les trois années qui suivent un mouvement social, les exportations restent jusqu’à près de 9% inférieures à leur potentiel. Si le mouvement porte des revendications socio-économiques, comme la plupart de ceux qui devraient émerger après la pandémie, elles restent jusqu’à plus de 20% inférieures », commentent Samuel Adjutor et Ruben Nizard, économistes chez Coface.
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Plus spécifiquement, jamais les pressions sociales au changement n’ont été aussi fortes[[4]]urlblank:https://mail02.orange.fr/appsuite/#_ftn4 . En 2020, l’indice de pression sociale a atteint un niveau historique, passant de 46% à 54% au niveau mondial et, pour les seuls pays émergents, de 54% à 61%. Cette hausse s’explique par la dégradation sans précédent des indicateurs socio-économiques dans l’écrasante majorité des pays analysés. En conséquence de la pandémie, les populations ont vu leurs niveaux de vie baisser, ce qui s’illustre par la chute du PIB par habitant, leur pouvoir d’achat se dégrader, comme en témoigne la hausse du chômage et de l’inflation, et les inégalités de revenu et de richesse se creuser[[5]]urlblank:https://mail02.orange.fr/appsuite/#_ftn5 . À cela s’ajoutent, dans certains pays, un mécontentement grandissant face à la gestion de la crise sanitaire par les gouvernements et des restrictions des libertés civiles et politiques dans le contexte de crise parfois jugées abusives.
Ainsi, en 2020, 88% des pays émergents ont vu leur niveau de risque associé aux pressions sociales augmenter. Il a notamment augmenté au sein de grands émergents asiatiques, comme la Malaisie, l’Inde, la Thaïlande ou les Philippines, mais aussi de certains pays du Maghreb, comme l’Algérie ou la Tunisie.
Au cours de l’année du mouvement social, les exportations sont 4,2% inférieures à leur potentiel estimé. L’écart reste substantiel pendant trois années, les exportations restant entre 6,3% et 8,9% inférieures à leur potentiel. L’impact sur les importations est plus marginal, celles-ci se rétablissant plus rapidement.