Voici l'album dont toute la presse parle lors de cette rentrée 2021. Et pour une fois, je suis le mouvement. Pourtant, sur le papier, cela reste du rap, pas vraiment le genre de la maison. Mais attendez avant de passer tout de suite votre chemin, le producteur se nomme Inflo, celui qu'on retrouve derrière l'excellent projet Sault et aussi aux manettes entre autres des disques de Michael Kiwanuka (la magnifique chanson générique de la série "Big Little Lies", c'est lui). Les arrangements sont ici nettement supérieurs à la production rap habituelle (pas près d'entendre ça chez nous, du côté de Jul, Booba et consorts et leur musicalité bas du front), de telle sorte qu'on n'a pas l'impression d'écouter un disque de rap. 19 titres avec quelques intermèdes et pourtant pas un seul remplissage. Bien sûr, il y a des morceaux qu'on préfère aux autres : l'incroyable "Introvert" en ouverture, qui annonce la couleur; "Little Q. Pt. 2" et son refrain de chorale d'enfants qui vous suit irrésistiblement pour le reste de la journée, la basse chaloupée de "Point and Kill" qui semble venir d'un autre monde. Comme pour Sault, les paroles sont politiques, féministes, "black live matters" compatible. Little Simz, la jeune londonienne d'origine nigériane, rentre avec ce "Sometimes I Might Be Introvert" direct dans la cour des grands de ce qu'on appelle vulgairement la musique "black", de la musique tout court. Ce qu'on appelle communément un classique. Chapeau bas, mademoiselle !