La recherche couvre la totalité des jeunes pousses ayant levé au moins une ronde d'investissement entre 2009 et aujourd'hui. Elles sont plus de 1 000, comprenant celles qui commercialisent des produits financiers comme celles qui distribuent des outils technologiques, dont les parcours sont décortiqués afin de dégager quelques grandes tendances. Et bien que l'exercice ne concerne que le Royaume-Uni, tout laisse à penser que les conclusions seront applicables ailleurs, tout au plus avec un peu de retard.
Globalement, le panorama dressé paraît plutôt rose. Les quelques 11 milliards de livres sterling qu'elles ont collectivement réussi à capter de la part des investisseurs leur permettent d'afficher une valorisation de 86 milliards. Leurs revenus s'élèvent à 5 milliards en 2020 et les 2,2 milliards de pertes enregistrées n'empêchent pas l'optimisme, au vu de leur résilience : parmi les entreprises de plus de 3 ans, près de 80% continuent à opérer, dont 60% après une injection supplémentaire de capitaux confirmant leur attractivité.
Première ombre au tableau, cependant, les sorties réussies sont encore très rares, peut-être une vingtaine, tandis que seules 5% sont profitables. Alors que les plans d'affaires tendent à promettre un point d'équilibre aux alentours de la cinquième année de fonctionnement, la réalité s'avère très différente. Faut-il vraiment s'étonner de ce constat ? Une certaine dose de naïveté est probablement nécessaire pour imaginer que, hors cas exceptionnel, un nouvel entrant puisse espérer être bénéficiaire en si peu de temps.
Mais le plus triste (de mon point de vue) est ailleurs, à savoir dans l'évolution des investissements. En effet, si leurs montants restent en forte croissance, ils vont de plus en plus, sous forme de tickets massifs (en centaines de millions) vers des séries tardives d'acteurs reconnus. À l'inverse, les primo-financements de projets en démarrage s'affaissent et, plus désolant encore, le nombre de sociétés créées annuellement s'effondre en 2019 et 2020 (il est de moitié inférieur à celui de la période 2015-2018).
En conclusion, il semblerait que la première génération de la FinTech entre dans une sorte de fin de cycle. Les startups lancées jusqu'à maintenant vont bénéficier de toutes les attentions (et des fonds disponibles), de manière à leur donner les moyens de réussir. D'ailleurs, Clarus Investments voit de l'ordre de 150 d'entre elles (sur 1 000) parvenir à créer de la valeur à terme, ce qui paraît relativement honorable. Hélas, cette phase actuelle d'industrialisation met plus ou moins en pause la créativité et l'innovation.