Chaque culture a sa façon de conduire le changement, voici ce que j'ai observé (un exemple de "loi forte des petits nombres" !) :
- La conduite du changement est généralement conçue comme une question de lien social. C'est jouer sur les forces souterraines, qui agissent sur un groupe humain.
- L'as de la conduite du changement, c'est le nord africain. Seulement, il lui manque le cap, la forme de rationalité occidentale. Quand il le trouve, il fait des miracles. C'est un plaisir de travailler avec lui.
- A l'autre extrémité, il y a le nordique. Lui ne comprend rien au changement. Strictement rien. Apparemment son comportement est totalement organisé par des règles quasi explicites. Le protestantisme certainement. Et cela explique probablement pourquoi autant de libéraux ou d'anarchistes sont protestants : ils n'ont pas besoin de société. Dans ces conditions, le changement se fait en concevant en groupe un plan d'action, qu'on suivra méthodiquement. Sans aucune capacité de changer de cap, si les événements changent. En revanche quand la machine est lancée, c'est un bonheur. Un de mes meilleurs souvenirs.
- La France est dans un entre-deux inconfortable. Il y a de la rationalité, et de la société. Malheureusement pas mélangées, y compris au sein d'un même individu. C'est probablement aussi vrai des pays latins. Mais mes rares expériences italiennes ou espagnoles étaient autrement plus agréables que les françaises.
- Paradoxalement, les Anglo-saxons sont assez proches des Français. En plus nordiques, mais tout de même un peu sociaux, très pragmatiques, et plutôt agréables.
- A un moment, j'ai travaillé avec de Japonais. Le changement se faisait en deux temps. Un fourmillement, apparemment irrationnel, ou tout le monde avait le droit de dire n'importe quoi, et pendant lequel, par essai et erreur, le projet se formait, puis une phase planifiée, d'exécution parfaite. C'est peut-être comme cela qu'évolue une culture qui a une forte fibre collective.
- Le plus curieux est que le changement paraît un sujet de conversation universel. Tout le monde est plus ou moins frustré de ne pas parvenir à faire ce qu'il juge évidemment bon.