Paris, le 31 juillet 2008 - Greenpeace a déposé aujourd’hui deux plaintes auprès du parquet de Carpentras (Vaucluse) concernant les pollutions autour du site nucléaire de Tricastin-Pierrelatte. La premier concerne la filiale d’Areva, Socatri, et le rejet de plus 70 kilogrammes d’uranium dans l’environnement qui constitue une pollution des eaux. La seconde concerne la société Areva NC pour abandon et dépôts illicites de déchets.
« A travers ces plaintes, Greenpeace souhaite non seulement que toute la lumière soit faite sur la fuite radioactive de ce mois, mais aussi sur les pollutions passées et leurs origines. Et surtout que les responsabilités soient clairement établies et des sanctions prises », déclare Frédéric Marillier, chargé de campagne Energie/Nucléaire à Greenpeace France. « Nous nous battrons pour que le nucléaire sorte de son opacité et de son impunité », poursuit-il.
Le 7 juillet dernier à 23 heures un incident survenu à l’usine Socrati a eu pour conséquence le rejet dans l’environnement, en particulier dans les eaux de surfaces aux alentours de l’installation nucléaire, d’une importante quantité de radioactivité, sous forme d’uranium notamment. Ce rejet constitue a lui tout seul un dépassement de plus de 27 fois les limites fixées par les autorisations de rejet de l’usine(1).
Cette pollution a donné lieu à la mise en place très tardive de restrictions d’utilisation des eaux de surfaces (pêche, baignade) et de l’eau de la nappe phréatique (irrigation, alimentation) du 8 au 22 juillet. Les causes connues de l’incident mettent en lumière de graves disfonctionnements de la part de l’industriel à la fois dans l’exploitation de ses installations mais aussi dans la gestion de crise et l’information des pouvoirs publics qui n’ont été avertis que le lendemain à 7h du matin. Quant aux mesures de restrictions pour protéger les populations, elles n’ont été instaurées qu’à 13h, soit 14h après le début de la fuite !
Par ailleurs, le suivi radiologique mis en place par l’industriel et les autorités à travers l’IRSN, a mis au grand jour une ancienne contamination radioactive de la nappe phréatique sur le site nucléaire. Cette contamination connue de longue date a notamment pour origine un stockage sans confinement de déchets radioactifs sous une couche de terre. Ce stockage dans des conditions inadmissibles sur le site d’Areva constitue un abandon et un dépôt illicite de déchets radioactifs.
Greenpeace rappelle aussi qu’il est inconcevable de relancer le nucléaire alors que l’on se rend compte aujourd’hui qu’on ne maîtrise pas cette technologie et qu’on redécouvre qu’elle pollue. Greenpeace demande la suspension du programme EPR et la tenue d’un vaste débat national sur le nucléaire en France qui permette aux citoyens non seulement d’appréhender clairement les dangers potentiels du nucléaire mais aussi de faire un bilan structuré sur son intérêt ou non face à l’urgence climatique.
Notes :
(1) L’arrêté du 16 auût 2005 fixe une limite annuelle de 71,7 MBq (megabecquerels) pour l’uranium, or le rejet constitué par les 74 kg d’uranium le 7 juillet constitue un rejet de l’ordre de 1900 MBq (estimation réalisée par la CRIIRAD)