Qui sont les perdants du changement ?

Publié le 20 septembre 2021 par Christophefaurie

Il n'est pas juste de dire que la "classe moyenne" a souffert. Certains de ses membres se portent mieux que jamais. Par exemple certains retraités forment une nouvelle "leisure class". Il y a longtemps des études américaines disaient déjà qu'il était difficile de trouver un profil type des perdants du changement. Par exemple, un nombre significatif était dans les classes les plus éduquées, alors qu'elles sont supposées avoir le vent en poupe. 

Je me demande si la solution à ce paradoxe n'a pas quelque chose à voir avec le mot "mérite". Les dominants attribuent leur succès à leur "mérite". Nous vivrions en "méritocratie". Or, pour commencer, si le "mérite" semble toujours être associé aux mêmes formations, le moyen d'y accéder n'a plus rien à voir avec ce qu'il fut encore il y a trente ans. 

Et, surtout, et si les perdants étaient ceux qui avaient le réel "mérite" ? Chester Barnard explique que la colonne vertébrale d'une entreprise est faite de ceux qui poursuivent l'intérêt général. Il appelle ces gens des "exécutifs". Les autres suivent leur intérêt égoïste. "Exécutif" = méritant ?

Or, son insistance sur l'intérêt collectif n'est-elle pas un obstacle pour l'ambitieux ? Une raison de mise au chômage pour "résistance au changement" ?

(C'est ce qui semble être arrivé en Russie : ceux qui faisaient avancer le pays ont été les premières victimes de son virage libéral des années 90, qui a vu l'émergence des "oligarques".)