J’ai trouvé ce joli recueil de Manon Thiery (née en 1993) dans ma librairie habituelle, au hasard d’une flânerie.
Ne connaissant pas cette poète, j’ai découvert au fil de ses pages une écriture concise, parfois surprenante par ses images, et très évocatrice de l’absence, de l’attente, de l’amour manquant ou douloureux.
Ce recueil, qui est le tout premier livre de cette jeune poète, a reçu le Prix de Poésie de la Vocation, décerné par la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet.
Il est paru chez Cheyne éditeur en automne 2020.
Note de l’éditeur sur Manon Thiery :
Manon Thiery est née en 1993.
Elle est doctorante en cinéma à l’université Paul Valéry de Montpellier et auxiliaire de vie sociale.
On peut lire certains de ses poèmes dans un livret paru aux éditions du Frau, ainsi que dans la revue l’Allume-Feu.
Elle dirige la micro-édition de trois livrets de poésie.
Réflecteur de la neige est son premier livre de poésie publié.
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(page 21)
que dire sinon
l’ignorance du nom
de ce qui n’a jamais été
de ce qui n’est pas ce manque
pesant en moi
un poids de sang
en attendant que disparaisse
cet étrange besoin de nommer
ce que nous ne mangeons pas à midi
nous le mangeons le soir
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(page 49)
J’ignore tout des coeurs où je ne suis pas
des jardins bleus
où ceux qui dorment ont les bras en croix
je porte sur mon dos les mots de mon passé
comme des enfants fragiles
ils sont plutôt légers
l’ongle gratte la pierre
et cela est inutile
ajouter de la poussière à la poussière
de l’incessant jeu de délier
une langue qui aura
la longueur
de ce printemps
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(page 55)
un carrousel de solitudes
tournées
la langue d’une solitude tournée
très lentement dans ma bouche
me projetant sept fois
par miettes d’ombres malades
sur le ventre
du temps qui détruit les murs
je sens toujours ton regard
contre les mots de ma langue
MANON THIERY.
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