L'opéra Bastille monte une oeuvre rarement montée depuis sa création du compositeur roumain Georges Enesco dans une mise en scène de Wajdi Mouawad.Un bonheur d'après-confinements. L'intérêt sur le plan dramaturgique est d'abord de monter le complet périple d'un homme devant le "fatum" et sa résistance tragique à ce qu'il impose.En dépit d'un statisme lourd imposé par l'omniprésence des choeurs mais aussi par les pandémies qui traversent le peuple de Thèbes on ne s'ennuie pas une seconde au long de ces trois heures tant la mise en scène de Mouawad est implicante. Tant la musique d'Enesco regorge d'influences (Wagner, Fauré...)diversifiées et riches dans ce qui fut sans doute son oeuvre majeure.Le casting est brillant. Avec Christopher Maltman en Oedipe décomplexé.Laurent Naouri en grand prêtre.Yann Beuron qui incarne le violeur d'enfant Laïos . Une sphynge(Clémentine Margaine) à l'énigme revisitée par le librettiste et qui va fondre comme un personnage de Giger. Ekaterina Gubanova,discrète Jocaste aux bras blancs mais efficace.Avec son décor minimaliste subtil , ses costumes et notamment es coiffures (faites de plantes) la réprésentation nourrit notre imaginaire mythique de l'oeuvre violente de Sophocle du carrefour maudit à Colonne.
C'est un grand démarrage de saison qu'offre cette création de l'opéra de Paris.