Titre original : Dune
Rating:
Origine : États-Unis/Canada
Réalisateur : Denis Villeneuve
Distribution : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Jason Momoa, Zendaya, Stella Skarsgård, Chang Chen, Josh Brolin, David Bautista, Javier Bardem, Charlotte Rampling...
Genre : Science-Fiction/Adaptation
Durée : 2h35
Date de sortie : 15 septembre 2021
Le Pitch :
Dans un futur lointain, le duc Léto Atréides se voit confier par l'Empereur la gestion de la planète désertique Arrakis, où se récolte l'épice, une denrée extrêmement précieuse, sujette à toutes les convoitises. Son fils Paul sait alors que d'une façon ou d'une autre, son arrivée sur Arrakis va précipiter sa destinée...
La Critique de Dune :
Considéré comme l'un des plus grands romans de science-fiction, Dune, de Frank Herbert a été adapté une première fois au cinéma par David Lynch, sans grand succès malheureusement, en 1984. Puis un certain John Harrison s'y est essayé, à la télévision cette fois, via une mini-série, en 2000. Bien sûr, avant Lynch et Harrison, c'est Alejandro Jodorowsky qui avait essayer de s'approprier ce monument de la culture populaire, avant de devoir se résoudre à stopper la production faute de moyens financiers. Un documentaire, lui-même devenu culte, raconte d'ailleurs la genèse de ce pharaonique projet...
Bref, quand Denis Villeneuve, le réalisateur acclamé de Prisoners, Premier Contact et Blade Runner 2049 s'est attaqué au projet, les fans du livre ont enfin pu légitimement penser que Dune allait enfin réussir son passage sur grand écran. Villeneuve ayant d'emblée abordé ce géant en envisageant non pas un seul long-métrage mais plusieurs. Aujourd'hui que le film est enfin là, après avoir été repoussé lui aussi à cause de la pandémie, force est de reconnaître que le cinéaste a mis le paquet. Son film est-il aussi bon qu'espéré pour autant ? Comme toujours avec Dune et le cinéma, c'est loin d'être simple...
Bac à épices
Autant commencer par faire l'étalage des qualités de Dune. Doté d'un budget de 165 millions de dollars, Villeneuve a pu totalement donner de la substance à sa vision. Son film est bien sûr magnifique. Dès les premières images, la grandiloquence de son approche saute aux yeux. Surtout sur un écran IMAX d'ailleurs. Tous les détails ont bénéficié d'un soin du détail extrême. On peut ne pas goûter à certains costumes, qui semblent avoir été chourrés chez Jean-Paul Gauthier, ma la vision de Villeneuve est fidèle et respectueuse et son univers bénéficie d'une identité marquée.
Même son de cloche du côté du casting : de Timothée Chalamet à Rebecca Ferguson, tout le monde est parfaitement à sa place et évolue dans des décors incroyables, superbement mis en valeur par la sublime photographie de Greig Fraser, alors que Hans Zimmer se lâche franchement en soulignant à la moindre occasion les inflexions du récit par de grandes et puissantes envolées lyriques. Voilà !
Dans le désert, personne ne vous entend ronfler
Le problème, et c'était déjà un peu le cas avec Blade Runner 2049, c'est que Denis Villeneuve s'égare plusieurs fois en cours de route, s'endort sur sa copie et finit par méchamment diluer la tension inhérente au récit. La première conséquence ? L'émotion se fait la malle. Il y a tellement de ralentis, de visions nébuleuses et de digressions obscures que l'histoire principale, finalement assez simple, perd peu à peu de sa force. Oh bien sûr, de temps en temps, Villeneuve lève le nez et parvient à nous offrir des séquences vraiment incroyables mais tout compte fait, en permanence écrasé par son récit, qu'il cherche forcément à sublimer, Villeneuve ennuie plus qu'il ne passionne.
Quand on pense que l'action va enfin prendre le dessus, quand elle doit prendre le dessus, et bien non, Paul, le personnage de Timothée Chalamet, est à nouveau assailli de visions de Zendaya marchant dans le désert... Régulièrement, comme s'il repoussait sans cesse le moment où il devra enfin plonger au cœur de l'histoire, peut-être pour justifier 3 films au lieu d'un, Villeneuve rétro-pédale, fait du surplace, et se montre trop contemplatif pour le bien de son film.
Belle coquille un peu vide
Les personnages posent également problème tant, sur la totalité, seuls trois ou quatre existent vraiment. Ceux campés par Oscar Isaac et Josh Brolin par exemple, restent finalement anecdotiques, au profit de Chalamet et Rebecca Ferguson (magnifique comme d'habitude). Alors oui bien sûr, certains d'entre eux, comme Chani, le personnage interprété par Zendaya, seront amenés à prendre de l'importance dans les suites mais quand même... Plutôt laborieuse, la narration de Dune interdit aussi l'émergence d'une véritable émotion. À tel point qu'il semble difficile de se passionner sur la longueur pour les protagonistes. Et pourtant, Dune est long. Bien trop long... Le plus terrible, c'est que si les images ne manquent pas de classe, le spectacle, de par son aspect désincarné, n'est jamais épique comme il le devrait. Encore une fois quelques scènes font exception mais à l'arrivée, Dune brille avant tout par ses qualités plastiques. D'où le titre de ce chapitre...
En Bref...Ambitieux, Dune l'est assurément. Visuellement abouti aussi d'ailleurs. Un film magnifiquement réalisé, traversé de tableaux à la beauté pénétrante. Pour autant, les images ne touchent jamais en plein cœur et l'action s'avère bien trop diluée pour passionner sur la longueur. Fatalement, Dune ne passionne pas vraiment et finit par sévèrement ennuyer. On ne peut également s'empêcher de penser que Villeneuve s'adresse surtout ici aux fans du livre. Les autres ? Ils ont de grandes chances de rester sur le bas-côté. On peut donc parler de déception.@ Gilles RollandCrédits photos : Warner Bros. FrancePar Gilles Rolland le 16 septembre 2021
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